" Al Kitabu Khayrou Jaliss "... ! Le livre est le meilleur compagnon... Le meilleur ami ! Cette affirmation est peut être la plus universellement traduite dans toutes les langues de l'humanité. C'est pourquoi la Foire du Livre est un événement attendu et apprécié par toutes les couches de la population. Elle nous offre ces moments privilégiés où des " nourritures terrestres ", comme disait André Gide, l'Homme passe aux nourritures spirituelles ! Il fut un temps où Flaubert parlait de Saint Antoine et de ses tentations, lequel, malgré sa profonde piété, se laissait aller à quelques plaisirs instinctifs. Pour les lecteurs... les chercheurs et les collectionneurs de livres petits et grands, les tentations dans ce grand marché du livre sont énormes. Ceci me renvoie à des temps où les bouquinistes et amateurs de beaux livres étaient bien complices ! Mieux encore il était rare d'avoir un marché aux puces sans étals de livres qui vous poussent au-delà de l'imaginaire. Bien jeunes, on consacrait quelques après-midi à arpenter les ruelles et placettes de Bab Mnara (maakal Al Zaïem ou Place du Leader), Bab Souika où trônaient les librairies " Annabi " à Halfaouine et Al Attarine ainsi que la rue Jamaâ Zitouna " échouer " l'après-midi aux abords de la ville européenne... la rue Zarkoun, celles des antiquaires et vendeurs de bibelots, puis l'avenue de France où les grandes librairies, Saliba... Abdelghani et quelques unes du côté de la rue Hanon, exposaient quelques bonnes " reprises " à côté des nouvelles publications On y trouvait de tous les goûts, de tous les thèmes et de toutes les langues. De l'arabe au français au latin et grec et même quelques livraisons en hébreu, la langue de Moïse... une diversité pour enivrer les lecteurs et aiguiser leur ferveur. En fin de journée, bien las et, après avoir dépensé nos économies bien précieuses nous faisions le bilan de nos " prises " tous émerveillés, par les beaux moments en perspective qui nous attendent ! Je vous parle d'une époque où ses chevaliers s'appelaient : feu Sidi Othman Kaâk, Zine El Abidine Essenoussi, Hassen Hosni Abdelwaheb... puis les " dragons " successeurs... Laâroussi El Métoui, Mohamed Férid Ghazi... Mohamed El Yaâlaoui et le monumental Mahmoud El Messaâdi ! Ces générations de grands précurseurs ont donné à ce pays, de tout temps ami et protecteur des livres, son image actuelle façonnée par les Midani Ben Salah, Ezzeddine Madani, Samir El Ayadi, sans compter les poètes de grands renom et les créateurs du théâtre du cinéma et même de la musique. Finalement, qu'est-ce qui fait les qualités d'un grand écrivain ou d'un créateur... C'est sa disponibilité à voir et percevoir certains détails de la vie, de la société et de la nature, que le commun des mortels consomme mais ne voit pas. Stendhal disait que " le roman et un miroir qui se promène sur une route "... Messaâdi disait que la littérature était " le reflet du mal de vivre l'expression d'une douleur permanente " liée à la tragédie humaine, mais j'aimerai pour le mot de la fin paraphraser Jean Cocteau pour dire à nos jeunes et moins jeunes : il n'y a pas mieux qu'un bon livre pour vaincre " la difficulté d'être "... surtout en ce moment ! Allez... tous à la foire du livre !