La déclaration de Tunis recommande l'application par tous les Etats des conventions internationales Protéger les droits de nos enfants, examiner la législation destinée à protéger la jeunesse et la famille et les divers systèmes qui existent pour la protection des enfants en danger et promouvoir la connaissance et l'application des droits des enfants tels sont les objectifs du 18ème congrès de l'Association internationale des Magistrats de la jeunesse et de la famille organisé du 21 au 24 avril à Hammamet en partenariat avec l'Association tunisienne des droits de l'enfant (ATUDE) sous le thème « Unis dans la diversité : Protection des enfants en justice dans les principaux systèmes juridiques » Ce congrès de Tunis qui a réuni 45 pays s'inscrit dans le cadre de la continuité des activités de l'AIMJF en faveur de l'enfance, de la jeunesse et de la famille et des engagements consignés dans la déclaration de Belfast adoptée au terme du congrès mondial de l'AIMJF en 2006 et des actions menées par l'AIMJF en faveur des droits de l'enfant en liaison, d'une part avec les institutions internationales, régionales et nationales concernées et d'autre part avec les organisations de la société civile. Ce congrès a essayé de dresser le bilan de la mise en œuvre de la convention des droits de l'enfant 20 ans après son adoption en mettant en exergue, notamment les bonnes pratiques des trois principales familles juridiques (droit civil, Common Law et droit musulman) en matière de protection des enfants et d'administration de la justice pour enfants et de prospecter les moyens de renforcer la coopération internationale en vue d'une pleine application des dispositions de la convention. Privilégier la démarche proactive Trente ateliers de discussion interactive ont eu lieu autour de trois grands thèmes « l'enfant et la famille » « l'enfant et la société » « l'enfant en situation difficile ».Selon le rapport final présenté lors de la clôture du congrès les participants se félicitent des progrès réalisés dans l'application des droits reconnus par la convention dans différents pays mais ils reconnaissent que les enfants restent exposés dans bien des cas, à des risques qui entravent la jouissance égale des droits reconnus par la convention : enfants maltraités, enfants abandonnés ou vivant dans d'autres situations difficiles (pauvreté, exploitation économique, enfant en situation de rue, vente d'enfants, trafics et déplacements illicites d'enfants, prostitution des enfants, risques nouveaux liés à l'exploitation par les médias et les nouvelles technologies, participation d'enfants aux conflits armés. Les participants au congrès insistent sur la nécessité de protéger l'enfant et sur la nécessité d'aller au-delà de mesures réactives où le droit se limite souvent à une intervention d'urgence et de privilégier une démarche proactive en donnant la priorité aux actions intégrées à un système cohérent de prévention, conçu comme un cadre basé sur les droits . Des difficultés persistent Les participants à ce congrès ont souligné que si certains Etats ont su tirer leur épingle du jeu en fournissant des exemples de bonnes pratiques en matière de prévention et de protection des enfants victimes, des difficultés persistent encore dans plusieurs Etats dues et selon le rapport à « un manque de bases de données réelles et de statistiques ventilées, la méconnaissance du phénomène des abus et de la violence à l'égard des enfants en raison du silence entourant ces phénomènes, notamment les abus et la violence dans la famille, à l'école et dans les institutions, difficulté à établir les chiffres réels sur la prévalence des cas d'abus et de violence à l'égard des enfants en raison du manque de signalement des divers cas et la perception des abus et de la violence à l'égard des enfants comme une fatalité liée au contexte social ou culturel » Les participants appellent à favoriser la création au sein des pays d'institutions ou de fonctions spécialisées dont l'action est basée sur le respect des droits de l'enfant, la diffusion des droits de l'enfant et l'approfondissement concrète des situations et l'information et la formation interdisciplinaire des praticiens pour et avec les enfants. Déclaration de Tunis Les congressistes ont finalement approuvé la déclaration de Tunis qui recommande d'activer la ratification universelle par tous les Etats des instruments internationaux et régionaux et en particulier la convention et ses deux protocoles sur la vente d'enfants et la prostitution, d'encourager les Etats à l'adoption de législations cohérentes en matière de prévention et de protection des enfants contre toutes les formes de violence, d'exploitation et de discrimination à l'encontre des enfants, soutenir l'initiative que l'AIMJF mette sur pied une base de données contenant les exemples de bonne pratique ainsi l'adoption par certains pays de codes ou de législations spéciales de protection de l'enfant. La déclaration de Tunis appelle à encourager les Etats à établir un système de coordination et des actions de prévention et de protection à long terme contre toutes les situations difficiles, à instituer des mécanismes efficaces de recueil des plaintes, de suivi et d'enquête, adapter le système de justice aux besoins de l'enfant, garantir aux enfants un environnement protecteur et sécurisé au sein des familles, écoles et institutions et responsabiliser les médias en matière de lutte contre la violence, le trafic et l'exploitation des enfants. L'Association internationale des Magistrats de la jeunesse et de la famille encourage toutes activités en vue d'assurer le suivi du congrès de Tunis. Kamel Bouaouina ----------------------------- Mme Renate Winter (Présidente de l'Association internationale des Magistrats, de la Jeunesse et de la Famille) : «La déclaration de Tunis doit servir de guide pour notre action de protection des droits des enfants» Le Temps : Quel est le bilan de ce 18ème congrès de Tunis ? R.Winter : la déclaration de Tunis qui sera diffusée dans plusieurs pays constitue un vrai guide pour renforcer le droit de l'enfant et l'assistance à la famille. Ce congrès a été une grande réussite sur tous les plans grâce à notre partenaire l'ATUDE et les débats et les échanges interactifs consacrés à la question des droits de l'enfant ont été très fructueux. Pensez-vous que l'enfant est assez protégé sur notre planète? Jamais assez mais on fait de notre mieux pour garantir les droits des enfants et les protéger contre toute forme de violence, d'exploitation et de discrimination. Mais je pense que la Tunisie est bien avancée dans la protection des enfants. Quel est le rôle de votre association dans la protection des enfants maltraités ? Notre association a pour objectif d'apporter son assistance aux différents pays du monde et de trouver des solutions communes comme le trafic des enfants, les crimes organisés, l'abus sexuel subi par les enfants, les enlèvements des enfants. Faut-il impliquer davantage l'environnement et surtout la famille dans la protection des droits des enfants? Toujours parce que la famille est la première institution pour protéger les droits des enfants et garantir leur dignité. Ceci sans oublier aussi les autres intervenants de la société civile.