Des milliers de juifs, enfants d'Abraham, comme le sont les Arabes, se trouvent à Djerba, à la Ghriba, deuxième haut lieu de pèlerinage de la religion juive et temple de la tolérance, de l'amour et du respect de l'Autre. Il n'est pas indifférent, et ce n'est même pas un caprice de l'Histoire, qu'à ses heures, une diaspora ait trouvé sécurité et réconfort sur nos terres et que cette Ghriba, ait traversé les temps, côtoyé les légendes des siècles et survécu aux fanatismes et à l'obscurantisme, même celui de l'idolâtrie d'une outrancière orthodoxie juive. Lorsqu'on parle d'une Tunisie dont la force vient de l'intensité tolérante du culte, de sa liberté et de sa modération ; lorsqu'on parle de sécurité ou cela révèle, en filigrane, un lien : le culte ne peut se mouvoir dans toute sa dimension - qu'il soit musulman, juif ou chrétien - que s'il est sécurisé, entouré de garde-fous contre les tentations obscurantistes, les fanatismes religieux d'où qu'ils viennent et l'instrumentalisation des religieux. La Ghriba est un message de paix en définitive. Un appel à la cohabitation ; un rappel des bases premières des religions monothéistes. Beaucoup, beaucoup de pèlerins prieront pour ceux qui souffrent quelque part, dans la région la plus convulsive du monde, pour ces Palestiniens spoliés au nom d'une terre trop promise. C'est la quintessence du pèlerinage à la Ghriba... Une prière. Une complainte. Une invocation... Et peu importe dans quelle langue !