Ayant poursuivi ses études à la Sorbonne, Rachida Triki est professeur universitaire en philosophie et esthétique à l'Université de Tunis. Ses travaux ont porté sur la relation entre théorie et pratique des arts. Elle s'est également intéressée aux arts plastiques et à la question de l'image. A ce sujet, elle publié l'année dernière chez Larousse « L'image, ce que l'on voit, ce que l'on crée ». Rencontrée à Dar Chérif, nous lui avons posé ces questions. Le Temps : Quel est votre apport à la vie culturelle et artistique en Tunisie ? Rachida Triki : Depuis la fin des années 70, je me suis investi dans la critique des arts plastiques en Tunisie comme j'ai suivi la vie des galeries d'art et l'évolution de certains artistes. C'est ainsi que j'ai publié plusieurs articles dans des revues et journaux de la place et même co-réalisé 25 moyens métrages sur les artistes dans leur atelier pour la télévision tunisienne. J'ai contribué au livre « Aspects de la civilisation au XXème siècle en Tunisie » par une étude sur « Esthétique et arts plastiques en Tunisie » et mené une recherche au CREDIF sur « Les femmes peintres en Tunisie ». Je préside l'association tunisienne d'esthétique et de poétique qui réunit un grand nombre d'artistes et de théoriciens très impliqués dans la question du rapport de la critique à l'art. Que rôle pourrait jouer « Dar Chérif » ? Dar Chérif est d'abord, un acquis pour le patrimoine culturel contemporain de la Tunisie. Son rayonnement, grâce à la longue expérience de Hamadi Chérif dépassera certainement nos frontières. J'ai eu le plaisir de voir naître cet espace situé dans le lieu magique de Sidi Jemmour. A mon sens, il n'a rien à envier aux centres d'art contemporain occidentaux. Il permettra par sa structure polyvalente de monter des expositions de peinture mais aussi d'autres medium ; il a aussi la possibilité d'accueillir des artistes en résidence et de permettre de réaliser différents projets (stage d'artistes, Workshop, conférences et rencontres, etc.). Nous ne pouvons que nous réjouir de ce plus dans l'espace des arts plastiques en Tunisie. Le palais Kheireddine va abriter, au mois de mai, une grande exposition d'art contemporain avec la participation d'artistes tunisiens et européens. Le thème sera « La part du corps », Pourriez-vous nous présenter cet événement en tant que commissaire de l'exposition ? J'ai effectivement le plaisir d'être commissaire de l'exposition « La part du corps » ; elle va permettre de croiser des regards et des imaginaires de dix neuf artistes contemporains tunisiens et européens sur les possibles du corps. C'est à travers plusieurs medium (vidéos, installations, photos, peintures, sculpture et performance) que le corps sera rêvé et interrogé. Cette expo s'appuie sur un débat critique qui aura lieu lors de deux tables rondes au Palais Kheireddine. La première aura lieu le 15 mai, au lendemain du vernissage et la seconde le 21 mai. Participeront à ces rencontres des artistes et des théoriciens, spécialistes de la question .C'est l'occasion de donner à voir une pensée relative à la pratique des arts. Propos recueillis par : S. B. Z.