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En souffrances contemporaines
Présence des arts - Exposition : «La Part du Corps»
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 05 - 2010

L'approche du corps a dans le passé différencié artistes venant du monde arabo-musulman, où toute figuration est accablée d'interdits, et artistes européens où l'iconographie des corps est célébrée partout, y compris dans les églises. Avec cette exposition intitulée «La Part du Corps» scénographiée par l'artiste-designer et spécialiste en aménagement de l'espace, Sana Tamzini, qui se déroule jusqu'au 5 juin au palais Kheireddine dans la médina de Tunis et réunit dix-neuf artistes tunisiens et européens, le commissaire Rachida Triki a voulu montrer à quel point l'imaginaire du corps rapprochait les créateurs de tous bords. D'ici et d'ailleurs. Effet de la mondialisation ? De l'impact dominant des médias ? Ou encore résultat de l'utilisation assumée jusqu'au bout des outils de l'art contemporain, tels la vidéo, la performance, le photomontage et l'installation qui procurent à l'artiste une liberté insoupçonnée dans le traitement de l'image.
Et la citation de Spinoza, qui a apparemment été à la source de l'idée de cette manifestation, n'a jamais été autant plus vraie ni plus actuelle : «On ne sait ce que peut le corps».
Ainsi le travail photographique du Français Michel Journiac évoque la dimension inquiétante de toute métamorphose personnelle. La démarche de transmutation des visages qu'il développe raconte les limites et l'incertitude de l'identité. De manière plus ludique, Teun Hocks, fascinant artiste passant avec dextérité, tel un jongleur, de la photo à la peinture et de la vidéo à la performance, met en scène son corps ligoté, enchaîné aux contraintes du monde contemporain. Un parfum de fantastique mélangé à une touche de poésie se dégage de l'œuvre de cet artiste hollandais. Natalie Amand, elle aussi, part de son propre corps. Son corps nu en mouvement est saisi au vol puis recouvert des voiles de la transparence et de la lenteur du flou. Le support premier devient alors forme esthétique quasi abstraite brouillant les pistes de l'image originelle, créant ainsi une distanciation avec son être et son paraître.
Transgressions
Cette conscience du corps, et de ses capacités à transgresser les normes sociales, culturelles et politiques, plusieurs artistes femmes tunisiennes la portent comme un étendard. Le phénomène semble assez récent. Il a accompagné l'apparition d'un mouvement de femmes photographes contemporaines à la créativité dynamique. Meriem Bouderbala n'arrête pas de revisiter les perceptions orientalistes du corps en terre d'Islam. Son installation : l'image de son corps transformé aux couleurs de l'orientalisme, couvert de voiles blancs légèrement transparents, présenté dans un linceul invite le spectateur à regarder à l'intérieur. Que trouve-t-il ? La mort, le vide, le néant. Destinée de tout corps qu'il soit d'Orient ou d'Occident.
Les corps de Marianne Catzaras, plongés dans des ambiances pesantes de fin du monde, sont des corps en souffrance, à l'image des architectures en ruine qui les entoure. Ni présents, ni absents, ni hommes, ni femmes, ils évoquent le dérèglement actuel du monde et de ses repères et émergent telles des visions intensément colorées d'un rêve profond.
Chez Dalel Tangour Bouslama, l'idée de l'absence est traitée par rapport à la disparition du regard. Ses «Corps Contraints» alourdis de costumes traditionnels des mariées du Cap Bon croulent sous le poids du regard social. Ces tenues d'apparat chargées de signes et de symboles, ceux surtout de la fertilité, cloisonnent le statut des femmes dans un rôle unique et culturellement prédéterminé. Les images en noir et blanc de Dalel Tangour Bouslama intensifient les effets de la claustration.
Des différentes identités des corps
Sonia Kallel à sa manière poursuit ce questionnement sur le costume. Le titre de ses installations «Corps étoffé /étouffé» ne laisse aucune part d'ambiguïté. Suspendus aux plafonds ses vêtements tissés en toile de jute ressemblent à une deuxième peau au dessous de laquelle on voit un faisceau de tissus fibreux, blanchâtres, rappelant étrangement des ligaments humains. Le costume idéal serait-il le miroir du corps dans sa vérité première ? Dans sa nudité originelle ?
Fatma Charfi, qui vit et travaille à Berne, en Suisse, sait dépasser la pesanteur des corps pour célébrer l'énergie que peut dégager cette matière de chair et de sang. Ses petits personnages ailés «Aberics», probablement des anges-abeilles, dans leur danse cosmique, surgissent tels des papillons tournoyant autour du feu, du soleil, de la lumière. Leur légèreté est un baume pour les âmes. Pour les hommes.
Est-ce l'extrême jeunesse de Hazem Berrabah qui lui fait voir la vie et les corps en mouvement perpétuel ? Ou plutôt sa passion pour l'esthétique de la danse ? Le clic du photographe éternise la sculpture du geste dans l'espace dans un cliché unique, réinterprétant sa temporalité le figeant dans une image fixe. Et le corps se métamorphose en statue.
Dans une belle exubérance chromatique, Dora Dhouib exhibe les corps dans leurs espaces intimes. Dans la série de photos intitulée «Bedrooms», chaque chambre révèle un secret, investit tout ce qui est refoulé dans l'ombre. Tout ce qui est tacitement caché. Des univers parallèles baignant dans la transgression révèlent d'autres identités des corps.
Bien que parfois déformés, nerveusement tordus, les corps que jette le peintre et dessinateur Tahar M'guedmini sur des surfaces monumentales sont animés par une foultitude d'émotions : ils paraissent emportés par le mouvement, errants, en position de contemplation, solitaires, en détresse, recroquevillés sur eux-mêmes... Comme écrasés par leur condition humaine, ils sont souvent pris par l'artiste en plongée. Cassant encore plus la perspective, déroutant le spectateur tout en glissant des références liées aux modes d'expression contemporains, la photo et le cinéma.
Tous les autres, Héla Ammar, Sana Tamzini, Farah Khalil, Chehrazed Rhaiem, Richard Conte, Yann Toma, Jean Lancri et Pascale Weber, ont la plupart produit des œuvres spécialement réalisées pour «La Part du Corps».
«Tous ces dispositifs que les artistes d'horizons différents mettent, aujourd'hui, en place, pour donner à voir et à sentir La part du corps, nous rappellent en même temps qu'il y a une pensée dans la pratique des arts», écrit Rachida Triki dans la conclusion du texte de présentation de la manifestation. D'où son idée d'accompagner l'exposition de deux tables rondes sur le thème du corps croisé avec l'art contemporain.


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