Vivement après demain. Afin que par sa solennité et son dépassement des contingences égoïstes, la coupe puisse recouvrir de son pudique manteau, tous ces avatars que le championnat nous a fait subir. Qu'après qu'une longue pièce de 26 actes nous ait présenté un théâtre de tous les genres. Du drame à la comédie et du tragique au vaudeville. 26 actes où le spectacle est passé parfois de la scène au poulailler et l'intérêt de l'avant-scène aux coulisses. 26 actes où les figurants se sont approprié les premiers rôles. Une mise en scène, enfin, qui pour avoir voulu nous gratifier d'un suspense ultime, n'a fait que faire ressurgir de vieux démons nourris de suspicion et d'incriminations dont on ira chercher la justification dans les arrières pensées qu'on aura crée à notre guise. La coupe enfin, fruit parfois du hasard du tirage mais toujours due à l'effort durant 90 minutes, la coupe qui par sa nature ne se plie pas à un calcul lié à un calendrier préalable et exclue toute alliance si objective soit-elle. Elle est froide comme le métal qui constitue son corps. Elle est frivole et capricieuse comme toutes les coquettes. Comme pour se distinguer encore plus, elle a choisi pour cette année un duel final assez peu conformiste en excluant les trois ténors qui chevauchent la hiérarchie, mais sans favoriser un néophyte puisque le fier bejaoua et l'industrieux du sud ne seront pas à leur premier essai pour lui faire la cour. Reine d'un jour, elle reléguera loin derrière, les soucis de ses aspirants, passés et à venir. Par son faste, elle fera rêver les plus blasés et fera envier les plus comblés. Elle n'aura ni actes ni tableaux qui se suivent. Une heure et demie lui suffisent pour faire son choix qui, dans son caprice n'est jamais connu d'avance. Elle est, avant d'être un challenge, une fête et pourquoi pas un baume de bonheur pour nous faire oublier ce qui a enlaidi, durant 26 actes, une pièce qu'on aurait aimé moins tragi-comique.