La troisième édition de Tunis fait sa comédie a démarré jeudi dernier au Théâtre municipal de Tunis avec la comédie Arrête de pleurer, Pénélope, une mise en scène de Thomas Le Douarec. Contrairement aux éditions précédentes, celle-ci se distingue par un plateau de choix au niveau des pièces et, surtout, des interprètes. Jean-Pierre Castaldi, Anémone, Patrice Laffont, Christian Vadim, le fils de Catherine Deneuve, et Delphine Depardieu, la fille de Gérard, ainsi que d'autres grosses pointures de la scène française seront présents au cours de cette session. Tunis fait sa comédie a frappé fort avec un vaudeville qui a été joué dans pas moins de quinze pays devant un peu plus de deux millions de spectateurs. C'est dire qu'elle a séduit les publics les plus divers, en se révélant digne de la réputation qui l'a précédée. L'histoire est tout simplement inénarrable. Trois jeunes filles, Chloé (Juliette Arnaud), Léonie (Corinne Puget) et Pénélope (Christine Anglio), décident de fêter dans la joie et la bonne humeur l'enterrement du célibat de leur amie qui leur fait faux bond. Dans ces retrouvailles, les trois compères vont en prendre sérieusement pour leur grade, mais dans l'euphorie générale. Visiblement, elles ont lamentablement échoué dans leur tentative de se caser. La situation est burlesque et prête au rire lorsque chacune d'elles reproche à l'autre ses propres travers. Des défauts qui ont fini par éloigner les hommes. Dans cette soirée où le factice sert d'emballage au préfabriqué et où le snobisme et la frime tiennent un grand rôle, il n'est guère difficile de succomber pieds et poings liés dans les erreurs de jugement. Ce n'est pas très réjouissant pour ces filles à la recherche de l'homme idéal qui tarde à pointer le bout du nez. En se livrant à des révélations croustillantes, un peu salaces mais terriblement révélatrices d'un désarroi profond et poignant qu'elles essaient de travestir et de camoufler en affichant des airs blasés, elles ne font que provoquer le fou rire d'une salle pleine à craquer qui n'en finissait pas de rire. Uniquement préoccupées par le m'as-tu vu, le qu'en dira-t-on et l'esprit terre à terre en rapport avec le milieu artistique et ses coups bas, rongé qu'il est par les incertitudes et les interrogations engendrées par les aléas d'un quotidien mal assimilé, nos trois luronnes sont des proies faciles à des tensions grotesques et burlesques, déchirées par des cris et des sanglots, le tout accompagné d'un rire grinçant à vous tordre en deux. Comme l'on s'y attendait, le public a largement adhéré à cette comédie coquine et friponne, truffée de sous-entendus et de traits d'esprit. Le jeu des actrices, loin de tout cabotinage, paraissait simple et sans excès ou affectation. On se demande parfois où réside le lien entre la Pénélope de la Tragédie grecque et la Pénélope d'aujourd'hui, sachant que l'antique, l'épouse d'Ulysse et mère de Télémaque, symbolise la constance et la fidélité conjugale. Toutes deux sont en attente. L'une espère le retour d'Ulysse et l'autre, l'amour qui tarde à venir. Et, en attendant, la Pénélope moderne continue de pleurer à chaudes larmes…