L'Iran pourrait annuler l'accord négocié avec la Turquie et le Brésil sur le nucléaire si le Conseil de sécurité de l'Onu approuve une nouvelle série de sanctions contre la République islamique, prévient un influent parlementaire. Signé lundi à Téhéran, cet accord porte sur un échange de combustibles nucléaires: Téhéran enverrait 1.200 kg d'uranium faiblement enrichi en Turquie et obtiendrait en échange du combustible nucléaire pour un réacteur de recherche médicale situé dans la capitale. Le calendrier de l'"accord de Téhéran" prévoit un premier transport d'uranium iranien vers la Turquie dans un délai d'un mois. Mais dans le même temps, les Etats-Unis ont obtenu l'accord des cinq autres puissances impliquées dans le dossier iranien sur un projet de résolution ouvrant la voie à une quatrième série de sanctions contre l'Iran depuis décembre 2006. Ce texte a été officiellement remis mardi au Conseil de sécurité des Nations unies. "Si l'Occident produit une nouvelle résolution contre l'Iran, nous ne serons plus liés par la déclaration de Téhéran et l'envoi de combustibles hors de l'Iran sera annulé", a averti Mohammad Reza Bahonar, député influent du Majlis cité par l'agence iranienne de presse Mehr. L'Iran, mais aussi la Turquie et le Brésil, ont demandé la suspension des discussions onusiennes sur ce quatrième train de sanctions. Le président Lula a déclaré jeudi que l'Iran s'était montré prêt à négocier sur son programme nucléaire et que les autres pays devaient maintenant en faire autant. Mais l'Occident, qui soupçonne Téhéran de vouloir se doter de la bombe atomique, voit dans l'accord de lundi un coup tactique des Iraniens pour gagner du temps et desserrer la pression. Depuis octobre, la situation a en effet changé en Iran. A l'époque de la proposition de l'AIEA, 1.200 kg d'uranium enrichi représentait la quasi-totalité des stocks iraniens. Les centrifugeuses ont continué de tourner et les stocks iraniens se sont développés, au point que l'Iran, même sans ces 1.200 kg, resteraient au "seuil" de la bombe atomique. En outre, l'AIEA n'a à ce jour pas reçu de la part de Téhéran une proposition détaillée formalisant le fruit de la médiation turco-brésilienne, déclarait-on à Vienne, siège de l'agence onusienne. "Les grandes puissances avec le Conseil de sécurité de l'Onu sont parvenus à un consensus sur l'Iran et il est hautement probable que dans un proche avenir, le quatrième train de sanctions contre l'Iran sera opérationnel", a ajouté Mohammad Reza Bahonar. En déplacement en Italie, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a pressé Téhéran de l'officialiser au plus vite auprès de l'AIEA. L'Iran, lui, a annoncé qu'il répondrait à l'AIEA d'ici au 24 mai.