Aussi paradoxal que cela puisse paraître, une crise économique n'est pas toujours un mal en soi. A condition bien sûr de bien savoir cerner ses contours pour en tirer les leçons qui s'imposent pour se corriger. La crise actuelle qui secoue la planète est sans doute la plus grave depuis celle de 1929 qui était à ses origines, une crise de surproduction mais dont les ravages causés ne diffèrent pas de ceux engendrés par celle que nous vivons et qui est assurément d'une ampleur moindre. Mais rien ne dit qu'elle ne le sera pas, au vu de sa persistance. Au départ, financière, la crise est aujourd'hui multiforme. Du coup, la spéculation dont on disait qu'elle était à l'origine est en partie blanchie. De toute évidence la spéculation n'a fait que précipiter ce qui était inéluctable. Tant mieux dira-t-on ? Pour les plus avertis des observateurs, et nombre important d'experts en la matière c'est bien le cas. On estime, et à juste titre qu'il était temps de mettre un frein à la fuite en avant pour qu'on regarde la réalité en face et en finir avec le maintien à flot artificiellement d'une économie mondiale qui souffre de maux structurels auxquels il est impératif d'apporter les correctifs adéquats. La bulle des subprimes et ce qui s'en est suivi, en dépit de la gravité de la situation née au lendemain de cette bulle ont mis tous les acteurs, politiques, économiques et sociaux devant leur responsabilité pour se pencher de manière sérieuse sur les problèmes et mettre en place des mécanismes d'une solution. Cela se fera sans doute dans la douleur. Mais a-t-on vraiment le choix ? Les conséquences sociales d'un tel changement de cap seront certes dures à supporter par des populations qui voient grandir dans leurs rangs le nombre de chômeurs et dont le pouvoir d'achat est de plus en plus laminé, mais c'est semble-t-il le prix à payer pour espérer repartir sur des bases saines. Des mesures drastiques s'imposent tout au niveau des dépenses publiques qu'à celui du mode de vie, notamment dans les sociétés dites de consommation, habituées à l'opulence. Le mot réforme est aujourd'hui sur toutes les langues. En Grande-Bretagne, la campagne électorale des dernières législatives a vu les partis en course rivaliser de projets de réformes. Aux Etats-Unis Barack Obama a été élu grâce à ses promesses de réformer le pays. Avant lui en France, c'était aussi le cas pour Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui c'est toute la planète - même en Chine - il n'est question que de réformer. Fini donc le temps des insouciances et des largesses nées de la croissance qu'avait connu le monde pendant plus de deux décennies. L'heure a sonné pour qu'on fasse le bilan et en remettre de l'ordre. Le tout libéral a fait son temps, mais il n'a pas fait que du bien. L'effacement de l'Etat a engendré une situation chaotique dans les conséquences sont ce qu'il y a de plus catastrophiques. Son rôle de régulateur est plus que jamais d'actualité, et, c'est dans ce sens qu'Obama a hâte de faire adopter sa réforme du système financier. De plus en plus de mesures restrictives sont prises à l'encontre du monde de la finance. Au plan social on est allé jusqu'à réduire les salaires (Espagne), sans parler du gel de ces derniers pour les années à venir (Grèce, Portugal, Espagne, Irlande). En France la réforme de la retraite est à l'ordre du jour et elle sera adoptée pour essayer d'en finir avec le déficit chronique des caisses depuis des décennies. Les recrutements dans le secteur public obéissent à des critères stricts avec objectif d'en finir avec les déficits budgétaires et l'endettement public. Il est quasi-impossible aujourd'hui de continuer de vivre à crédit. Dans un pays comme l'Italie le taux d'endettement dépasse les 117% du PIB ! Un exemple qui en dit long sur la crise qui secoue le monde et qui implique des mesures d'urgences et des décisions douloureuses mais qui finiront par remettre de l'ordre pour une vraie relance et une saine croissance.