Monique Barbut, Directrice générale et présidente du Fonds pour l'Environnement Mondial, en visite en Tunisie, a rencontré, Jeudi, les représentants des médias pour une conférence de presse dont on retiendra en premier lieu sa détermination à changer les choses au sein du FEM. D'ailleurs, elle a d'emblée affirmé que « si on m'a élue, c'est parce que les choses ne devraient pas aller comme avant ; autrement, on aurait choisi quelqu'un d'autre », ajoutant qu'elle est résolue à faire avancer les dossiers, et à le faire rapidement . D'autant que les ressources du FEM ont récemment été reconstituées par ses 177 pays membres à hauteur de 3,13 milliards de dollars. L'outil de base dont elle compte se servir pour mettre en œuvre les changements dont elle a l'ambition consiste en un pacte sous forme d'un accord à conclure entre tous les partenaires , pays développés et en développement , agents et organismes d'exécution , Conseil et Secrétariat , avec comme objectif principal de faire du FEM un « complexe mondial dynamique : stratégie , innovation , équité , accessibilité et ciblage »
Le paradoxe du FEM, c'est qu'il est un organisme peu connu du grand public, alors que l'environnement est devenu l'affaire de tous et , surtout , que le Fonds a des responsabilités et une sphère d'influence considérables , étant la plus importante source de financement de projets réalisés dans le monde en développement pour protéger et améliorer l'environnement mondial et ayant investi 6,2 milliards de dollars et levé 20 milliards de dollars supplémentaires dans le cadre de cofinancements au titre de plus de 1 800 projets dans plus de 155 pays en développement et économies en transition.
Premier axe d'action de la nouvelle première responsable du FEM : systématiquement inclure les questions environnementales dans le développement économique .A ce propos elle trouve décevant que, presque 15 ans après le Sommet « planète Terre » de Rio,l'intersection entre environnement et développement ne soit pas encore réellement devenue une question brûlante parce que les risques politiques et de perturbations économiques à court terme sont jugés trop importants. En fait, si nous continuons sur notre lancée, nous risquons d'aboutir à une situation dans laquelle ce sera l'environnement qui fera obstacle à la croissance et au développement et non plus le contraire, estime-t-elle.
Citant le rapport Vital Signs 2006-2007 du Worldwatch Institute, Monique Barbut constate que tous les indicateurs économiques font état d'une prospérité et de niveaux de consommation sans précédents. Le monde produit plus d'acier, d'aluminium et de véhicules qu'il ne l'a jamais fait et le produit mondial brut a atteint le montant record de 59 600 milliards de dollars. Mais ces gains interviennent dans le contexte du déclin écologique d'une planète tirant son énergie de combustibles fossiles dont les rendements décroissent à un rythme alarmant. Selon les auteurs de Vital Signs « la poursuite de politiques inchangées » nuit aux écosystèmes de la planète et aux populations qui en dépendent, faisant valoir que si tous les pays consommaient autant en moyenne que les pays à revenu élevé, la planète ne pourrait faire vivre durablement que 1,8 milliard de personnes, et non pas les 6,5 milliards d'habitants qu'elle compte actuellement et encore moins les 8,9 milliards d'individus dont font état les projections pour 2050.
Développement Deuxième pivot d'intervention future du FEM : promouvoir un marché mondial en constante expansion, favorable à un développement écologiquement viable en examinant le cas du changement climatique pour voir comment le replacement de l'activité environnementale dans le cadre du marché commence à s'imposer. Le recours aux mécanismes de marché pour réduire les émissions de gaz à effet de serre a connu un essor phénoménal cette année et le « marché mondial du carbone » a atteint la valeur de 21,5 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres. Les énergies renouvelables, quant à elles, affichent une progression tout aussi marquée : la production mondiale d'électricité renouvelable a fait un bond de 24 % pour l'éolien, de 45 % pour le solaire photovoltaïque et de 20 % pour les biocombustibles.
Enfin , Monique Barbut estime que l'intégration de l'environnement dans l'activité économique ne pourra se faire en l'absence d'une volonté politique , précisant qu'elle veillera à ce qu'un cadre politique ,au niveau national et au niveau mondial ,définisse les paramètres requis pour qu'un développement écologiquement durable devienne l'ordre du jour. C'est aux pays, aussi bien développés que ceux en voie de développement, qu'il incombe de monter au créneau et de mettre en œuvre des mesures environnementales efficaces , relevant que dans le monde en développement, un certain nombre de pays ont commencé à institutionnaliser des cadres structurels ouvrant la voie à la production de services énergétiques durables.
Dans le cas des pays développés, cependant, le Protocole de Kyoto témoigne de la complexité que revêt la formulation de cadres d'intervention viables. La communauté des bailleurs de fonds continue de se heurter de plein fouet aux effets passés et présents des activités du monde industriel sur le climat et la structure écologique de la planète ; la lenteur avec laquelle la situation changera à l'échelle mondiale pourrait, en fin de compte, réduire l'impact des mesures prises à chaque niveau a-t-elle prévenu.
« En ma qualité de responsable de la direction du FEM, j'estime que tous les pays, les bailleurs de fonds comme les nations en développement, doivent maintenant assumer leurs responsabilités pour assurer un développement écologiquement durable » , a-t-elle dit. Elle a souligné la nécessité d'avoir tous les éléments nécessaires pour abandonner la vision à court terme qui explique la lenteur du parcours en direction d'un développement durable.