Le Temps-Agences - L'Iran a confirmé hier sa détermination à développer son programme nucléaire controversé malgré les pressions internationales, en annonçant la construction prochaine d'un nouveau réacteur de recherche une semaine après avoir été sanctionné par l'ONU. "Nous sommes en train de préparer la construction d'un réacteur plus puissant que celui de Téhéran pour produire des radio-isotopes, et ce réacteur entrera en service prochainement dans le pays", a annoncé le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi cité par les médias iraniens. Le responsable de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne (OEAI) n'a pas donné de précisions sur l'état d'avancement du projet, ni sur la puissance du nouveau réacteur, ni sur l'endroit où il serait construit. L'Iran dispose actuellement d'un réacteur de recherche nucléaire de 5 MGW construit avant la révolution islamique à Téhéran. Le lancement par l'Iran en février de la production d'uranium enrichi à 20%, officiellement destiné à la fabrication de combustible pour ce réacteur, a déclenché une nouvelle crise avec la communauté internationale qui soupçonne Téhéran, malgré ses démentis répétés, de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 9 juin la résolution 1929 assortie de sanctions demandant notamment à l'Iran de suspendre l'enrichissement d'uranium. Téhéran a rejeté cette résolution comme les précédentes et a exclu d'arrêter la production d'uranium enrichi à 20%, en dépit de son offre d'échange de combustible lancée en mai aux grandes puissances avec la caution du Brésil et de la Turquie. Les Etats-Unis ont toutefois rappelé mardi que "la voie diplomatique restait possible" parallèlement aux sanctions si l'Iran prenait "des mesures concrètes pour répondre à ses obligations internationales". M. Salehi a répliqué hier que l'Iran avait lui aussi élaboré une "double stratégie" pour répondre à celle des grandes puissances. "Cette double stratégie est basée d'une part sur la poursuite d'un dialogue honnête" avec la communauté internationale, et "d'autre part la poursuite de notre développement nucléaire, qui est un moyen de résister aux pressions de nos ennemis", a-t-il expliqué. --------------------- Pour s'être opposé au contrôle des femmes «mal voilées» Ahmadinejad critiqué par les ultraconservateurs Le Temps-Agences - Des personnalités iraniennes ultraconservatrices ont reproché avec virulence au président Mahmoud Ahmadinejad de s'être opposé aux contrôles et arrestations de femmes "mal voilées" ou de jeunes non mariés, ont rapporté les médias hier. Le président s'était dit dimanche "fermement opposé" à ces contrôles et arrestations qui se sont multipliés à Téhéran ces dernières semaines. "Il est totalement impensable que de telles actions donnent des résultats", avait-il dit à la télévision. Ahmad Khatami, un haut dignitaire religieux, a accusé le président de porter atteinte à la lutte contre la "corruption". "Dans son interview, le président n'a pas pris la mesure de la vague sacrée qui prône le voile et la chasteté et l'a dénigrée", a-t-il dit au journal modéré Shargh. Le chef des dignitaires religieux du Parlement, Mohammad Taghi Rahbar, a, quant à lui, interprété les propos de M. Ahmadinejad comme un "feu vert à l'indécence vestimentaire". La police des moeurs a multiplié ces dernières semaines les intimidations et arrestations de femmes dont la tenue n'est pas jugée suffisamment islamique, c'est-à-dire montrant trop de cheveux ou de peau. La police de Téhéran a également lancé une opération de confiscation de véhicules transportant des jeunes de sexe opposé n'ayant pas de lien de parenté, la baptisant opération "contre le harcèlement des femmes". Le député conservateur Ali Motahari a noté à cet égard que le "ministère de l'Intérieur s'était déclaré prêt à cette initiative". "Le président porte atteinte à son propre travail avec de tels commentaires. S'il persiste dans cette voie, le Parlement sera certain de répondre", a prévenu M. Motahari, un des détracteurs de M. Ahmadinejad.