• Les autorités iraniennes ont annoncé la construction de dix nouveaux centres d'enrichissement de l'uranium et les Occidentaux parlent de chantage TEHERAN (Reuters) — L'Iran a annoncé la construction dans l'année qui vient de dix nouveaux centres d'enrichissement de l'uranium, provoquant une vive réaction des Occidentaux et notamment de Paris, qui parle de chantage. Les autorités iraniennes ont fait savoir par ailleurs qu'elles dévoileraient bientôt un système de défense antiaérienne au moins aussi puissant que le S-300 de la Russie. Téhéran a aussi officiellement informé lundi l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) de sa décision de produire dès demain de l'uranium enrichi à 20%. Les dernières annonces iraniennes ont suscité des réactions indignées de la part des grandes puissances, qui ont à nouveau brandi l'arme des sanctions, à l'exception notable de la Chine. La France et les Etats-Unis jugent que la communauté internationale n'a d'autre choix que de travailler à de nouvelles sanctions contre l'Iran, ont déclaré les ministres français et américain de la Défense. «Nous constatons qu'il sera nécessaire malheureusement d'engager un dialogue international qui mènera à de nouvelles sanctions si l'Iran ne renonce pas à ces programmes», a dit le ministre français de la Défense, Hervé Morin, après une rencontre avec son homologue américain Robert Gates. Ce dernier a confirmé la communauté de vues franco-américaine sur ce dossier. «A ce stade, la seule voie qui nous reste, me semble-t-il, est la voie des pressions. Mais cela nécessitera un travail en commun de l'ensemble de la communauté internationale», a-t-il dit. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé pour sa part que les dernières propositions iraniennes sur le nucléaire s'apparentaient à du «chantage». «C'est très négatif», a-t-il estimé après une rencontre séparée avec Robert Gates. «Nous ne pouvons pas appliquer autre chose, hélas, que des sanctions puisque la négociation n'est pas possible», a-t-il ajouté en reconnaissant que «nous n'avons pas encore convaincu les Chinois». La Russie, par la voix du président de la commission des Affaires étrangères de la Douma, s'est rangée aux côtés des Occidentaux, en jugeant nécessaire de prendre des «mesures graves» contre Téhéran. «La communauté internationale doit réagir rapidement à ces informations afin de signaler à Téhéran son intention de réagir par des mesures graves, pouvant aller jusqu'à un renforcement des sanctions économiques», a dit Constantin Kosachiov. Dimanche, le Président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà annoncé l'intention de Téhéran de lancer la production d'uranium enrichi à 20%, sans toutefois écarter définitivement la possibilité d'un accord avec la communauté internationale sur un transfert d'uranium à l'étranger. Le chef de l'organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi, a précisé par la suite que cette production démarrerait dès aujourd'hui, en présence d'inspecteurs de l'Aiea. Salehi a toutefois déclaré que l'Iran «cesserait à tout moment le processus d'enrichissement pour son réacteur de recherche de Téhéran s'il reçoit le combustible nécessaire». Afin d'écarter tout soupçon, l'Aiea a proposé en octobre que l'Iran envoie son uranium faiblement enrichi à 3,5% en Russie et en France pour qu'il soit transformé en combustible enrichi à 20% pour un centre de recherche médical dans la capitale. Téhéran, qui devait répondre à cette offre avant la fin de l'année dernière, souhaite imposer ses propres conditions, ce que refusent les Occidentaux. Ces derniers soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique. Téhéran dément, disant vouloir l'énergie nucléaire afin de produire de l'électricité.