Nelson Mandela, le visage fermé, a assisté hier aux funérailles à Johannesburg de son arrière-petite-fille, dont la mort dans un accident de voiture avait endeuillé l'ouverture du Mondial de football. Le Nobel de la paix, qui aura 92 ans le 18 juillet, est arrivé à bord d'une voiturette de golf dans la chapelle du collège St Stithian, où l'adolescente était scolarisée. Vêtu d'un manteau noir épinglé de deux roses, il s'est assis - avec l'aide de collaborateurs - au premier rang aux cotés de sa femme Graça. Après un office de plus de trois heures, il a quitté la chapelle au bras de son épouse avant de poser devant les photographes avec l'évêque. Son ancienne épouse Winnie Madikizela-Mandela, 73 ans, a versé quelques larmes durant les obsèques avec à ses côtés leur fille Zinzi, la grand-mère de la victime Zenani Mandela. Zenani Mandela, 13 ans, a été tuée dans la nuit du 10 à 11 juin alors qu'elle rentrait d'un méga-concert organisé dans le township de Soweto pour lancer les festivités de la Coupe du monde. La voiture dans laquelle elle se trouvait s'est retournée sur l'autoroute à Johannesburg. Le conducteur de 23 ans, Sizwe Mankazana, a été inculpé pour conduite en état d'ivresse. M. Mankazana, fils du compagnon de la fille aînée de Nelson et Winnie Mandela, comparaîtra le 26 juillet. La fillette a été enterrée dans l'intimité familiale hier matin, au cimetière de Fourways, dans le nord de Johannesburg, avant le début de la cérémonie des obsèques. Des membres du gouvernement et du Congrès national africain (ANC), l'ancien mouvement de la lutte anti-apartheid au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994, ont ensuite rejoint la famille dans la chapelle. Le décès de l'adolescente avait conduit Nelson Mandela à renoncer à la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde mais de nombreux supporteurs avaient manifesté leur compassion pour le premier président noir d'Afrique du Sud. La mort de son arrière-petite-fille s'inscrit dans une série de tragédies familiales. En 1947, il a perdu sa première fille à l'âge de 9 mois puis en 1969 son fils aîné dans un accident de voiture. En 2005, son autre fils a été emporté par une maladie opportuniste liée au sida. En l'annonçant, Mandela a brisé un tabou dans un pays où être séropositif reste honteux bien que 5,7 millions de personnes soient porteuses du virus.