Il s'en est fallu d'un but pour que l'Afrique du Sud entame parfaitement sa Coupe du monde vendredi lors d'un match d'ouverture conclu par un nul (1-1) face au Mexique dans l'ambiance surchauffée du Soccer City Stadium Ce premier match du groupe A a été suivi d'un autre bien plus terne au Cap entre l'Uruguay et la France, également soldé par un score de parité, mais vierge celui-là. Tenus en échec, les Bafana Bafana ont néanmoins ravi leur public et réussi leur entrée dans la compétition. Une fois évacuée la fébrilité des premières minutes, les Sud-Africains, poussés par plus de 84.000 spectateurs, ont trouvé la faille à la 55e minute et ont cru réaliser le coup parfait eu égard à leur statut théorique d'équipe la plus faible du groupe. Mais Rafael Marquez en a décidé autrement et a privé le premier pays africain hôte du tournoi du succès à onze minutes du terme. Ces débuts plus prometteurs que ne l'attendaient les supporters sud-africains eux-mêmes ont quelque peu comblé le vide laissé par l'absence de Nelson Mandela. Le premier président noir du pays a perdu son arrière-petite-fille Zenani, morte dans un accident de voiture à la veille du Mondial alors qu'elle rentrait du concert donné dans le township de Soweto pour l'occasion. A 91 ans, et alors qu'il avait finalement décidé de se rendre au stade de Soccer City après avoir été un des principaux artisans, en 2004, de la désignation de son pays, Mandela est finalement resté en famille pour partager ce deuil. "L'heure de l'Afrique" Autre figure historique du pays, l'archevêque Desmond Tutu s'est pour sa part trémoussé au rythme des tambours, écharpe aux couleurs des Bafana Bafana autour du cou. Le président sud-africain, Jacob Zuma, n'a quant à lui pas caché sa fierté. "L'heure de l'Afrique est venue", a-t-il lancé. Dans tout le pays, des centaines de milliers de Sud-Africains ont afflué dans les bars ou les parcs et donné l'image d'un pays plus uni que jamais, 16 ans après la fin de l'apartheid. "La nation arc-en-ciel s'est rassemblée", a dit Disebo, un enseignant de 36 ans venu partager sa joie avec d'autres supporters à Bloemfontein. Partout, les drapeaux nationaux ont flotté au son des vuvuzelas, ces trompettes qui donnent au public des stades l'impression d'être dans une immense ruche et agacent déjà des joueurs, dont les Néerlandais alors qu'ils n'ont pas débuté. Devant les écrans géants comme dans la rue, l'ambiance s'est donc révélée plutôt bon enfant, malgré une bousculade qui a fait trois blessés à Johannesburg près d'un site où était installé un écran géant. L'atmosphère, l'entrée en lice de l'équipe nationale, tout a concouru à satisfaire les organisateurs. "C'est tout simplement fantastique que le premier but de la première Coupe du monde en Afrique ait été marqué par l'Afrique du Sud, on n'aurait pas pu écrire un meilleur scénario", a déclaré le président du comité d'organisation, Danny Jordaan. La rencontre entre l'Uruguay et la France, si elle a semblé moins décousue, a assurément dû l'enthousiasmer beaucoup moins. Il ne s'en est fallu, là aussi, que d'un but pour que les Bleus réussissent leur entrée dans le tournoi mais leur domination s'est avérée bien stérile. Ces deux nuls maintiennent un suspense complet dans le groupe A, où l'Afrique du Sud sera opposée à l'Uruguay mercredi avant que le Mexique et la France ne s'affrontent le lendemain.