Le Temps-Agences - Israël compte sur la brièveté du temps médiatique, l'inconstance du tempo diplomatique et aussi la perspective des élections américaines à mi-mandat, en novembre, pour que la vague d'opprobre international, suite à l'assaut du 31 mai contre la flottille pour Gaza, se dilue, comme après tant d'autres orages. Dans l'immédiat, le gouvernement de Benyamin Netanyahu doit gérer une nouvelle crise et un échec politique, qui est à l'aune de la victoire politique remportée par le Hamas. Peu habituée à être vilipendée, sensible à l'opinion des pays arabes pour qui sa collaboration avec Israël était devenue injustifiable, l'Egypte a lâché la première, et accepté de rouvrir partiellement le terminal de Rafah, desserrant ainsi le garrot du blocus. Israël a suivi, parce que l'administration américaine le lui demandait avec insistance, et parce que le fait de laisser rentrer à Gaza quelques centaines de produits alimentaires supplémentaires n'entamera en rien le carcan sécuritaire de la bande de Gaza. Netanyahu achète ainsi à peu de frais l'impression donnée aux pays amis et alliés d'Israël qu'il écoute leurs avis. Le constat de l'inefficacité du blocus s'imposait : celui-ci n'a pas permis la libération du soldat israélien Gilad Shalit, dont le quatrième anniversaire de la détention à Gaza a lieu hier ; il a transformé l'étroite bande de terre en un vase clos. L'arraisonnement si médiatisé de la flottille pour Gaza a constitué une divine surprise pour le Hamas : son combat en faveur de la levée du blocus est devenu une priorité internationale. Mais, ce succès n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la paix, tant il risque de renforcer l'intransigeance du Hamas face au Fatah. Le premier se refuse à signer le document de la réconciliation palestinienne préparé par Le Caire pour ne pas cautionner le pouvoir de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne. Le desserrement du blocus accroît la marge de manœuvre politique du Hamas, qui gagne du même coup un puissant parrain : devenue le «champion» de la cause palestinienne, la Turquie. Un examen lucide devrait inciter le gouvernement de Netanyahu à dresser un bilan morose : les Américains ont surtout vu dans cet épisode d'une guerre navale picrocholine au large de Gaza un nouveau raté du résistible processus de paix israélo-palestinien. Meir Dagan, le chef du Mossad se préoccupe de voir Washington considérer Israël "davantage comme un handicap que comme un atout pour les Etats-Unis". Sur le plan politique, l'épisode de la flottille a engendré, au sein même du gouvernement israélien, la recherche effrénée d'un bouc émissaire. Le réflexe de survie politique a joué, et il a été jugé plus facile de désigner à la vindicte la " traîtrise" supposée des Arabes-Israéliens. La mise en cause des services de renseignement, sur la sellette depuis le Dubaïgate, a été à peine esquissée. Puis la vieille stratégie du bunker, tant à l'intérieur que vis-à-vis de la communauté internationale, s'est imposée, et Israël s'est rabattu sur l'explication commode d'un ostracisme international à son égard. ------------------------- Raids israéliens à Gaza; deux morts Le Temps-Agences - Deux Palestiniens ont été tués dans des raids aériens qui ont frappé plusieurs objectifs dans la bande de Gaza, ont rapporté hier des médecins palestiniens. L'armée israélienne a dit de son côté avoir mené des frappes aériennes contre deux tunnels frontaliers creusés par des militants palestiniens dans le sud du territoire côtier. Une autre frappe aérienne a visé un arsenal dans le nord de l'enclave palestinienne, a ajouté l'armée déclarant avoir mené ces frappes en riposte au tir d'obus de mortier jeudi en direction d'Israël.