AL-QODS OCCUPEE (AP) — Condamné par de nombreux pays, l'assaut meurtrier de l'armée israélienne contre la flottille pour Gaza complique les efforts de paix au Proche-Orient, accentue l'isolement international d'Israël et porte un nouveau coup à ses relations avec la Turquie, un acteur clé de la région. Destiné à défendre le blocus strict imposé par Israël à la bande de Gaza depuis 2007, le raid pourrait en fait accélérer sa levée en raison du tollé international suscité par l'opération. Au moins neuf civils ont été tués lorsque les commandos israéliens ont intercepté les six navires lundi dans les eaux internationales, et des dizaines d'autres personnes ont été blessées. Le raid devrait également renforcer le Hamas, dont la prise de pouvoir dans la bande de Gaza en 2007 est à l'origine du blocus, aux dépens des alliés des Etats-Unis dans la région: le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, l'Egypte et la Jordanie. ''L'attaque contre une mission humanitaire (...) ne fera qu'aliéner un peu plus la communauté internationale (à Israël) et isoler'' Israël, affirme Scott Atran, analyste à l'université du Michigan. L'affaire porte un nouveau coup aux efforts des Etats-Unis pour relancer le processus de paix. Et elle soulève des interrogations sur l'un des fondements de la stratégie américaine dans la région : ignorer le Hamas alors que Washington s'efforce de jouer les médiateurs de la paix entre Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. L'intervention de lundi a mis sous pression des relations israélo-américaines, qui ne se sont pas encore complètement remises de la plus sérieuse dispute depuis des décennies entre les deux pays, provoquée par la volonté d'Israël de poursuivre la construction de logements pour les juifs à Al Qods-Est. Le blocus de Gaza n'a pas permis de déloger le Hamas, a aggravé la pauvreté des habitants de la bande côtière et est devenu une source de frictions et d'instabilité. Après l'offensive israélienne ''Plomb durci'' à Gaza durant l'hiver 2008-2009, la communauté internationale n'a pas poussé à la levée du blocus, de crainte qu'elle ne prolonge le règne du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) dans le petit territoire. Mais après l'assaut contre la flottille humanitaire, Israël pourrait se retrouver sous une pression accrue pour au moins alléger le bouclage. Des diplomates européens ont réclamé lundi une réouverture rapide de la frontière. Et Washington a laissé entendre qu'il souhaitait voir les Gazaouis recevoir davantage d'aide. L'incertitude plane sur les pourparlers de paix indirects menés sous l'égide des Etats-Unis. Benyamin Netanyahou a remis à plus tard une visite prévue mardi aux Etats-Unis, où il devait discuter avec le Président Barack Obama de la relance du processus de paix. De son côté, Mahmoud Abbas a qualifié le raid israélien de ''massacre inique'', mais a indiqué qu'il poursuivrait les discussions indirectes. Malgré ses mauvaises relations avec le Hamas, Mahmoud Abbas doit agir de manière crédible pour tenter de rouvrir les frontières de Gaza, estime l'analyste palestinien Hani Al-Masri. ''Autrement, il sera considéré comme faible ou (soutenant) le siège et perdra le soutien de son peuple'', selon M. Al-Masri. L'assaut contre la flottille affecte également la relation d'Israël avec son allié turc, qui s'était déjà détériorée depuis l'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Ankara a décidé de supprimer trois exercices militaires avec Israël et de rappeler son ambassadeur, en exigeant par ailleurs une enquête internationale sur les événements. ''Militairement, nous pouvons nous sentir tout à fait en sécurité, mais pas concernant notre situation politique internationale'', juge Alon Liel, ancien diplomate israélien en poste en Turquie.