Figurez-vous qu'avant de devenir ce qu'il est devenu, Brel devait besogner dans l'usine de fabrication de carton de son papa. Ce n'est pas honteux. Mais là où il y a lieu de se poser des questions, c'est qu'après avoir quitté cette sinécure qui ne correspondait aucunement à son âme vagabonde, le grand Jacques a lu moult et moult publications consacrées à l'élevage industriel des poulets. Qu'est-ce qu'on aurait raté s'il en était resté là ! Imaginez-le en train de susurrer « Ne me quitte pas ! » à l'oreille d'une poule en train de pondre ! ou bien encore, pousser un cocorico genre « Bien sûr nous eûmes des oranges ;Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol, mille fois tu pris tes bagages, mille fois j'ai pris mon envol » un vieux coq transi d'amour. On l'a échappé Brel ! Celui qui a donné l'une des plus belles définitions du couple en déclarant : « Une fois en couple, l'homme peut penser qu'il peut, enfin, tomber malade. Il y aurait toujours quelqu'un pour lui tenir la main », a bien fait de renoncer à déplumer des poulets à longueur d'année pour raconter fleurette à la Fanette, à Mathilde ou à Frida ! Tous ces superbes prénoms de femme qui nous ont tellement fait pleurer. Que Brel soit devenu ce qu'il est devenu, c'est fabuleux, mais imaginez un peu que Hitler ait réussi dans le métier d'artiste et qu'il en soit resté là. Y aurait-il eu de pensée nazie et la deuxième guerre mondiale aurait-elle eu lieu ? Hitler a-t-il bien fait en délaissant la peinture artistique pour la construction des camps de concentration et de leurs sinistres chambres à gaz ? Evidement que non ! Et ce sont peut-être les marchands d'art, qui ne lui ont pas reconnu un talent d'artiste, qui sont aussi responsables des dégâts monstrueux qu'il a causé à l'humanité !