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Comment «panser» la torture ?
Cinéma : Coloquinte, un film de Mahmoud Jomni
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 05 - 2012

On peut imaginer ce que c'est que d'être emprisonné et torturé. La fiction a épuisé tous les sujets, toutes les expériences humaines. Il lui suffit, à chaque fois, de trouver une nouvelle manière de raconter, un nouveau traitement, pour que l'empathie fonctionne. Mais comment imaginer le fait de vivre, pendant des années, sans pouvoir se regarder dans un miroir, sans pouvoir se «représenter», sans ce désir quotidien et incontrôlable de trouver le reflet d'une image en accord avec soi? Le meilleur scénariste du monde serait incapable de représenter ce ressenti. Car, c'est le cas de le redire : la réalité dépasse la fiction.
Mardi dernier, lors d'une projection pour la presse, nous avons eu la douleur et pas le plaisir, d'en savoir plus sur la torture en Tunisie, par le biais d'une série de témoignages filmés par Mahmoud Jomni, et intitulés Coloquinte. D'anciens prisonniers et prisonnières politiques ont bien voulu se prêter à la caméra pour raconter tous les sévices qu'ils ou elles ont subis lors de leur emprisonnement dans les geôles du ministère de l'Intérieur ou dans des prisons lointaines, qui n'ont rien à envier aux camps de concentration de l'époque nazie. Cela s'est passé du temps de Bourguiba et de celui de Ben Ali.
Le film n'a malheureusement rien d'artistique. Au lieu «d'écrire», le réalisateur s'est contenté de «recueillir» les témoignages, sans faire d'effort s de mise en scène. Soucieux du contenu, il n'a même pas laissé la place à l'émotion et au silence. On pouvait donc fermer les yeux, entendre les témoins et imaginer.
Imaginez une cellule un peu plus grande qu'un trou, un lit coloré d'excréments, une assiette de plantes sauvages pour dÎner et un rat pour unique compagnon... Et surtout : pas de miroir !
Imaginez que l'on vous ligote comme un poulet, que l'on vous ordonne d'aboyer comme un chien, que l'on vous enfonce une bouteille là où vous pensez, et que l'on allume votre organe génital comme l'on allume une cigarette... Plus vous résistez à la douleur plus on vous fait mal...Mais ce qui vous fait le plus mal, c'est votre corps tout nu !
Selon le témoignage d'un psychiatre, un corps nu est un corps sans identité. Et c'est pourquoi l'on vous torture, pas seulement pour vous tirer les vers du nez, mais pour vous toucher au plus profond de vous-même, bafouer et violer toutes vos valeurs humaines ! Le but du but étant de déshumaniser pour pouvoir régner aussi longtemps que possible. C'est ça la torture, c'est ça la dictature !
Mais s'il y a une chose que l'on ne peut vous confisquer, c'est vos idées...Vous vous dites que si vos tortionnaires s'emploient à ce point dans leur besogne, c'est que vos convictions en valent la peine...
Le corps a des limites, et la limite c'est la mort. Vous la souhaitez, parce que vous n'en pouvez plus de douleur, d'humiliation et de solitude. Vous pensez à votre épouse qui ne sait pas si vous êtes encore vivant, et vous vous sentez bizarrement en position plus confortable, car vous n'avez plus de doutes, pour une fois «la vérité» a un sens pour vous.
S'il vous arrive de sortir vivant de prison, vous n'êtes plus le même. Normal, puisque là où vous étiez, il n'y avait pas de miroir. Vous mettrez beaucoup de temps pour vous reconnaître, pour «penser» et «panser» vos blessures. Les visages de vos bourreaux ne vous quitteront plus, et dans vos oreilles le cliquetis des clés dans les serrures reviendrait en boucle...
Vous ne pardonnerez jamais ! Ou peut-être que si ! Si et seulement si, il y aurait une reconnaissance des faits. Si le contexte politique permettrait de porter plainte contre vos bourreaux et si espoir il y a de gagner le procès.
Conclusion dite par l'un des témoins : une journée de prison dans une Tunisie indépendante est égale à une année d'emprisonnement dans une Tunisie colonisée.
Plus jamais ça !!!!
On ne mangera plus de Coloquinte, cette plante sauvage au goût amer !
A bon entendeur salut!!!!


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