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Quand on oublie, il paraît qu'on permet à l'histoire de récidiver
Parution : Lecture attentive de Mathilde.B (*) de Nidhal Guiga
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 08 - 2012


Le rapport à la mort y est si doux.
N'est-ce pas l'histoire d'une déterrée qui nous revient? Pourquoi nous revient-elle ? Pour raconter son histoire? Quelle est cette histoire ? Se résumerait- elle à cet ultime appel qu'elle lance à Myriam, la petite fille de son intime Rosa : «Myriam, sais-tu seulement ce que veut dire une femme décédée dans un pays qu'elle a longtemps souhaité libérer de son autre pays ?»
Je ne sais encore ce qui est émouvant dans ce récit.
Est-ce l'auteure? Fille de militants de gauche faisant partie d'une mouvance réprimée par Bourguiba, se mettant dans la peau de la femme du dictateur.
Est-ce la même personne, comédienne par ailleurs, ayant campé le rôle de Mathilde Bourguiba dans Thalethun de Fadhel Jaziri, qui en est sortie avec le sentiment d'y avoir touché... mais encore?
Ou bien le personnage qui a trouvé enfin une enclave de paix dans l'auteure- comédienne, une terre qui l'a reçu dans sa pesanteur et sa véritable envergure... une juste mesure qui laisse le personnage en suspens, ne touchant presque plus le sol.
Le personnage de Mathilde. B respire son silence. Sa dignité éclate par ses amitiés secrètes. Sa petite présence en apparence, restera gravée dans la mémoire de ceux qui l'ont peu approchée comme une qualité... la discrétion.
Mais est-ce seulement cela ? N'y a-t-il pas des mots avec lesquels on qualifie les personnes pour se débarrasser de la question... pour ne pas trop en savoir.
Ce n'est pas le cas de l'auteure. Elle s'est laissée couler dans des lignes de fractures encore peu visitées de la vie quotidienne du couple, explorant un déjeûner de famille dans lequel trônait le combattant suprême, sa main ridée frôlant une assiette et s'arrêtant pour retenir un long tremblement de bonheur avant de saisir une fourchette lisse.
A un autre moment, lui convalescent d'une crise cardiaque, Mathilde affaiblie lui rendant visite. Lui, servant une tasse de thé qu'elle ne pouvait boire. Lui, resservant plusieurs autres comme mû par un rituel, avant de retenir des larmes aigries en prenant soin de lui tourner le dos.
Pourquoi de la vaisselle, des frémissements et des larmes Nidhal Guiga ?
Pourquoi rentrer dans l'univers grinçant et tendre de ce couple? Pourquoi parler des rides de la main ? Pourquoi des oranges à chaque revers de l'histoire? Des quartiers de l'enfance au fameux jus d'orange bu en noir et blanc en plein mois de Ramadan, jusqu'à l'écorce desséchée jetée sur le pas de la porte vers la fin du récit ?
On en devient «un lecteur en furie» à force de tant de grâce et de douleurs si douces à retenir.
Une narration fictive loin de la leçon d'histoire, à peine une béance suggestive sans jamais oser l'ostentation du conflit idéologique, sans jamais dire je sais... ou presque.
Les événements relatés ramassent à la cuillère des pans d'histoires de familles vivant sur ce territoire, de ces petites récits qui meublent l'imagination des enfants et qui constituent des patrimoines familiaux secrets qu'on ne lira jamais dans les livres d'histoire, parce qu'il y a peu d'historiens de l'âme et rares sont les manuscrits dans les greniers.
Virtuosité est, que de parvenir à entremêler délicatement l'histoire d'une Française, veuve de guerre, épouse d'un «Tunisien» premier président de la République, avec celle d'une résistante à Evreux sous occupation nazi, fuyant son pays pour la Tunisie, les bottes remplies d'eau, les gosses sous les bras, les bijoux de famille dérobés par une camarade résistante.
Et l'histoire de Bozo, un des innombrables philosophes syndicalistes ayant subi un interrogatoire policier aux derniers degrés pour un mot de trop, devenu Bozo le fou sautant dans les pots de fleur près du Saf Saf, criant à tue -tête. Mathilde, assise dans un café voisin, le protégeant des gens du village par sa présence, feignant de s'intéresser à ses mots croisés.
Finir par s'immerger dans un contexte marqué par la montée de la contestation estudiantine et celle des élèves. Bourguiba prêtant l'oreille à travers les murs de son jardin présidentiel aux jeunes voix contestatrices du lycée de Carthage, mitoyen.
78... les arrestations des opposants politiques et la répression
84... le pain
85... les bombardements de Hammam Chott,
Un incontestable poétique tour d'horizons.
Un voile sur ladite mémoire, qui la cache comme une petite honte, est légèrement écarté et le dedans sensiblement deviné.
«Le libérateur» se penchant sur l'épaule de son «éternelle amie» chuchotant : «... j'aime aimer l'incommensurable... ce n'est pas de l'inaccessible... c'est comme un besoin d'immensité... un certain sens de l'amour absolu... comprends-tu pourquoi la Tunisie est mienne et qu'en aimant ainsi je suis peut-être aliéné ou dictateur ?.... c'est un besoin d'immensité Mathilde».
(*) Mathilde.B de Nidhal Guiga (Collection Sud Editions)


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