Le Temps-Agences - Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a rencontré mercredi à Ramallah (Cisjordanie) six journalistes israéliens, a estimé que des progrès étaient nécessaires avant de se lancer dans des négociations directes de paix, ont rapporté hier les médias israéliens. "J'attends des réponses sur les frontières et la sécurité pour savoir si nous parlons (avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) le même langage, car il est préférable que de telles discussions (directes, ndlr) n'explosent pas au bout de dix minutes", a déclaré M. Abbas. "Dès qu'il y aura des progrès (sur ces questions), les discussions directes reprendront", a poursuivi M. Abbas, cité par le journal Yediot Aharonot. Les parties ont engagé en mai des négociations indirectes, dites de "proximité", conduites par l'émissaire américain George Mitchell, qui se trouve actuellement dans la région et devait s'entretenir hier avec Mahmoud Abbas. Les pourparlers directs ont été gelés depuis l'agression meurtrière de l'Etat hébreu dans la bande de Gaza fin 2008. Mercredi, devant la presse, Benjamin Netanyahu a invité le président palestinien à le rencontrer en tête-à-tête à Al Qods et s'est dit "prêt à aller" à Ramallah. Selon le Jerusalem Post, M. Abbas a d'autre part précisé avoir donné son agrément au précédent Premier ministre israélien centriste Ehud Olmert pour qu'"une tierce partie, l'Otan, l'ONU, la Finul ou une autre force internationale soit déployée dans les territoires palestiniens", exigeant qu'il n'y ait plus aucune présence israélienne sur le sol du futur Etat. Interrogé sur les conséquences d'un éventuel échec des négociations indirectes, qui doivent se conclure dans deux mois, M. Abbas a écarté toute "initiative unilatérale", telle qu'un appel au Conseil de sécurité des Nations unies, selon la presse israélienne. Il a indiqué vouloir convaincre l'opinion israélienne de sa volonté de conclure un accord de paix prévoyant le retour d'Israël à ses frontières d'avant la guerre de juin 1967 ainsi que des échanges territoriaux mineurs. D'après le Jerusalem Post, M. Abbas a d'autre part rappelé vouloir établir à Al Qods-est (occupée par Israël) la capitale du futur Etat palestinien. Durant cet entretien à bâtons rompus, le président palestinien a par ailleurs évoqué pêle-mêle son souhait de ne pas effectuer de nouveau mandat, la Coupe du monde de football, et défendu son doctorat obtenu à l'Université de Moscou en 1982, dans lequel il exprimait des doutes sur l'ampleur du génocide juif. Il a condamné ce "crime", rappelant avoir envoyé ses représentants à des cérémonies commémoratives, y compris à Auschwitz. "Comment peut-on nous accuser de nier l'Holocauste?", a-t-il lancé, selon la même source. "Vous dites que six millions de personnes ont été tuées, je ne le conteste pas", a affirmé M. Abbas cité par les journaux israéliens, ajoutant toutefois qu'il "ne lui appartenait pas de déterminer le nombre exact". Interrogé hier à la radio militaire à propos de cet entretien de M. Abbas, le ministre israélien des Affaires sociales, Yitzhak Herzog (travailliste), a évoqué un "message positif". -------------------- Israël-Turquie : Première tentative de réconciliation Rencontre secrète à Bruxelles entre le ministre israélien du Commerce et le ministre turc des A.E Le Temps-Agences - La Turquie et Israël ont repris langue après un mois de froid glacial, première tentative de réconciliation qu'expliquent les intérêts stratégiques liant les deux pays. Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu et le ministre israélien du Commerce Benjamin Ben Eliezer se sont rencontrés secrètement mercredi à Bruxelles pour tenter de surmonter la crise bilatérale, a confirmé hier à la presse le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Burak Özügergin. "La demande de rencontre est venue d'Israël", a-t-il dit. Il s'agit de la première rencontre ministérielle israélo-turque depuis l'arraisonnement le 31 mai par un commando israélien d'une flottille internationale qui tentait de forcer le blocus de Gaza, au cours duquel neuf Turcs avaient été tués. Les autorités israéliennes ont seulement confirmé que Ben Eliezer avait rencontré un "officiel turc". Le porte-parole turc a précisé que M. Davutoglu a réitéré lors de cette rencontre les exigences turques: "demande d'excuses, paiement de compensations (aux familles des victimes), création d'une commission (d'enquête) indépendante et internationale, et levée de l'embargo sur Gaza". Il a ajouté que les relations bilatérales "ont atteint un point qui n'est pas celui que nous souhaitons". Selon la radio militaire israélienne, l'entretien a été "préparé méticuleusement" en collaboration avec Washington et le ministre israélien de la Défense Ehud Barak. Et le journal turc Hürriyet affirme que "le décor de cet entretien secret a été planté" le week-end dernier quand le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré Barack Obama à Toronto (Canada). "En dépit de la dureté des réactions turques dans l'affaire de la flottille, la Turquie et Israël semblent avoir du mal à se passer l'une de l'autre", commente l'analyste français Jean Marcou, basé à Istanbul. Après l'incident du 31 mai, la Turquie s'en est pris violemment à son ancien allié avec lequel elle a signé en 1996 des accords de coopération militaires. Elle a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv, annulé trois manœuvres militaires conjointes et fermé partiellement son espace aérien aux avions militaires israéliens. La rencontre Ben Eliezer-Davutoglu, deux personnalités qui entretiennent de bonnes relations, a suscité la colère du ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman qui a protesté contre le fait que la rencontre ait eu lieu à son insu. Selon la télévision turque NTV, les deux ministres ont convenu de se revoir secrètement. Les intérêts stratégiques pluriels liant les deux pays expliquent cette première tentative de reprise de dialogue. "Le gouvernement israélien est très isolé", note M. Marcou. -------------------- Echange de prisonniers entre Israël et le Hamas Netanyahu : pas à «n'importe quel prix» Le Temps-Agences - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé hier qu'Israël ne paierait "pas n'importe quel prix" pour obtenir la libération du soldat israélien Gilad Shalit, tout en confirmant être prêt à relâcher sous conditions un millier de Palestiniens en échange. "L'Etat d'Israël est décidé à payer un prix élevé pour la libération de Gilad Shalit, mais nous ne pouvons pas dire que ce sera à n'importe quel prix", a-t-il précisé lors d'une intervention télévisée. Les médias israéliens évoquent depuis des mois la libération d'un millier de prisonniers palestiniens, en deux vagues successives de quelque 450 et 550 détenus, en échange du soldat israélien, détenu par le Hamas dans la bande de Gaza depuis quatre ans. Les négociations achoppent notamment sur l'identité des Palestiniens relâchés.