D'ailleurs, certains s'y adressent pour éviter les mauvaises surprises du circuit organisé. Aujourd'hui, cette activité fait pourtant bonne figure dans le secteur informel. Or, le besoin se fait, de plus-en plus, ressentir de la légaliser et de rationaliser l'apport de ce potentiel humain. partie d'un programme de mise à niveau du secteur de la prime enfance qui comprend aussi un projet de certification des crèches et une initiative à l'attention de la femme rurale pour l'habiliter à mieux prendre en charge ses enfants à la veille de leur scolarité. Les assistantes maternelles prennent en charge les enfants en bas âge dans leur milieu familial. Elles les intègrent généralement dans le même espace que leurs enfants. Elles ne leurs accordent pas une attention particulière. L'existence de cette catégorie de « garde » répond à un triple souci des parents : la tranquillité, la proximité et le coût. Elles habitent la même cité que l'enfant. Les familles, et même les enfants, se connaissent généralement. Le problème d'adaptation ne se pose pas. La contrepartie financière n'est pas, non plus, élevée. L'assistante maternelle, quant à elle, bénéficie d'un revenu financier. Cette activité se fait en dehors de toutes les législations et s'arrange par consensus. Or, comme il s'agit d'une tranche d'âge très délicate, cette garde peut avoir des conséquences sur la constitution physique et mentale de l'enfant. D'ailleurs, les conditions de prise en charge ne sont pas évidentes. Parfois, il n'y a pas de lieu aménagé pour les enfants ; d'autres fois, le lieu est très exigu (on parle d'une bonne dame à Radès qui garde plus de 12 enfants dans un espace de 20 mètres carrés). Ces enfants ne reçoivent aucune formation adaptée. Ce sont (à la limite) les vieilles recettes ancestrales. Beaucoup de terrain reste donc à couvrir. Cette conscience de l'importance de cette étape charnière de la vie, et de la complexité de la mission de tous les intervenants auprès de cette frange de la population, a conduit à la mise en place de programmes de développement de la petite enfance basée sur une approche globale et intégrée. Cette attention à ce secteur a touché aussi bien le niveau informel qu'organisé ; aussi bien dans les villes que dans le milieu rural. Il faut trouver à chaque segment d'enfants la recette qui sied le mieux à ses besoins en tenant compte de ses spécificités.
Formation Les structures disposeront désormais d'un personnel qualifié. D'une part, il y aura les assistant(e)s d'éducation de la prime enfance ; d'autre part, il y aura celles qui ont accompli des sessions de formation organisées par le service de la prime enfance du ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées. Même les assistantes maternelles à domicile peuvent prétendre gratuitement à cette formation. Elles ne craignent aucune conséquence fiscale ou judiciaire suite à cette formation. Le principal souci étant d'améliorer la qualité de la prise-en charge de l'enfant, qu'il soit dans une structure ou à la maison. Les mères peuvent aussi participer à ces cours élémentaires qui sont dispensés suivant un programme qui n'entrave nullement les activités des participantes.
Certification Sur un autre plan et concernant les crèches, un programme de certification suit son cours. Il s'agit d'une procédure qui consiste à attester, après évaluation (audit), que la-dite structure de la prime enfance est conforme à certaines normes spécifiques. Un certificat - à durée déterminée - est délivré par un certificateur qui est indépendant de la structure à certifier. La certification de système qualité (certification des crèches) concerne les règles de fonctionnement de la structure. Elles doivent se conformer à des référentiels préalablement définis. Ceci permet une assurance de la qualité, une amélioration continue des services au sein de ces structures et un suivi continu des prestations fournies.
Habilitation La célébration de la semaine internationale de l'éducation pour tous du 23-au 29 avril 2007 sous le slogan : l'éducation : un droit pour tous , a coïncide cette année avec le démarrage du 1er cycle d'habilitation des mères à mieux prendre en charge leurs enfants et leur préparation à la scolarisation qu'organise le ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées. Ce programme mis en œuvre en partenariat avec l'Union Tunisienne de la Solidarité Sociale « UTSS » a démarré le mercredi 25 avril 2007 dans l'un des jardins d'enfants « El Imtiez » de la région de « Dkhila » (gouvernorat de Manouba). Il prend en considération les besoins physiologiques et spécifiques des enfants d'âge préscolaire et initie les mères à savoir répondre à ces besoins. Pour cette phase, la population cible est le lot des mères dont les enfants vont dans les jardins d'enfants relevant de l'UTSS. Mourad SELLAMI
Trois questions à Dr Nora Elhajjem, chargée de la prime enfance au ministère : « la formation et le suivi des structures ne sont efficaces qu'avec l'implication consciente des parents.» Le Temps : Il paraît que le ministère est sur un grand chantier concernant l'enfance pré scolarisée. Dr Nora Elhajjem : En effet, une évaluation scientifique a été réalisée et a permis de déterminer les besoins spécifiques de chaque segment de l'enfance. Il a été même procédé à une évaluation des besoins pour chaque environnement socioéconomique. Ainsi, on a abouti à un programme qui consiste d'abord, à des stages de formation qui s'adressent aux assistantes maternelles à domicile, aux professionnelles dans les crèches et même aux mères. Ensuite, le programme de certification dans les crèches suit son cours. Il vise à motiver l'amélioration de la qualité des prestations fournies par ces structures. Enfin, le 1er cycle d'habilitation entamé par le ministère vise à aider les mères du milieu rural à mieux prendre en charge leurs enfants et à leur garantir une meilleure préparation à la scolarisation.
. Pourtant, les parents continuent à déplorer un déficit de qualité, de suivi et de communication. - Il faut que tous les intéressés comprennent que la mission de l'administration consiste, certes, à la formation, au contrôle et au suivi mais, il faut aussi comprendre que cette mission est ciblée et ponctuelle. Elle suit, en effet, un programme pré-établi et elle ne peut, à elle seule, résoudre tous les problèmes du secteur. Nous comptons aussi sur la conscience des professionnels auprès desquels la motivation est ressentie ainsi que sur l'implication des parents qui sont en contact permanent et régulier avec les structures de prise en charge. Par leurs doléances et leurs remarques, les familles sont à même d'améliorer la qualité des prestations fournies à leurs enfants. La formation et le suivi des structures ne sont efficaces qu'avec cette implication consciente des parents.
. Quels sont les axes privilégiés de votre action ? - Nous insistons sur l'interaction entre tous les intervenants. Les professionnels sont appelés à comprendre que la qualité paie. Ils sont appelés, avant tout, à remplir une mission dont le bon accomplissement entraîne la satisfaction du client, d'abord, et la certification en prime. Les familles doivent choisir le meilleur encadrement possible à leurs enfants. Elles ne doivent pas s'adresser au premier coin de la rue. Elles sont censées suivre de près les conditions dans lesquelles évoluent leurs progénitures. La tutelle assure, certes, le contrôle, l'encadrement et la formation. Mais, c'est cette complémentarité qui assure la réalisation des objectifs d'une mise à niveau efficace du secteur. M.S.
Les parents: « Il ne faut surtout pas que le diplôme (ou l'attestation de certification) devienne une affiche publicitaire » Le Temps : Qu'est-ce que vous pensez du chantier entrepris dans le domaine de l'enfance ? Un groupe de parents : Nous ne constatons nullement d'amélioration dans les prestations. L'encadrement est toujours assuré par des aides ménagères. L'hygiène laisse à désirer. Les prix sont très élevés comparativement à nos bourses. Certains professionnels ne nous permettent même pas d'entrer dans l'établissement. Le recours à ces structures est une obligation plus qu'un choix. Le professionnalisme fait encore défaut dans le secteur de l'enfance pré scolarisée ; spécialement dans les crèches mais aussi dans les jardins d'enfants.
. Vous pouvez, quand même, prospecter et faire le choix adéquat. - Facile à dire mais, difficile à réaliser. Il est vrai que c'est une règle d'offre et de demande. Donc, lorsqu'il y a une concurrence, les professionnels essaient de présenter un meilleur produit pour attirer la clientèle et faire mieux que son voisin. Mais, c'est généralement passager et ceci coïncide avec le début de l'année scolaire. Une fois qu'un certain nombre d'enfants est là, et qu'ils constatent que les enfants se sont adaptés à l'environnement, ils commencent à diminuer progressivement la qualité des prestations. Ils réduisent même l'effectif d'employés prétextant la diminution du nombre d'enfants. Ils savent que les petits ont déjà tissé des relations et qu'ils ne veulent pas quitter. On n'y peut alors plus rien. On ne va pas passer l'année à trimballer nos enfants d'un coin à un autre. La rentrée suivante : rebelotte ... Quelques structures peuvent, bien sûr, échapper à cette règle. Mais, ce sont vraiment des exceptions.
. Vous avez entendu parler de la mise à niveau du secteur de la petite enfance ? - Honnêtement, non. Toutefois, il ne faut surtout pas que ce diplôme (ou cette attestation de certification) devienne une affiche publicitaire que le propriétaire brandit à chaque occasion pour démontrer son excellence. Nous avons besoin d'une conscience professionnelle à toute épreuve. Or, cette conscience est inhérente à la personne. Elle ne s'acquiert pas par les diplômes. C'est une question de culture et de civisme. Tout le monde doit y mettre du sien pour arriver à ces minima requis de qualité, quitte à utiliser le bâton à côté de la carotte et fermer certaines structures. Quant aux assistantes maternelles, comment voulez-vous qu'elles s'adonnent à la formation alors qu'elles ne sont même pas informées de ces programmes ?! Personne n'a eu vent d'un tel projet. Une campagne de sensibilisation est nécessaire pour toucher cette frange d'encadreurs. Il est nécessaire de les sécuriser par rapport à leurs soucis sur les risques d'imposition. C'est légitime qu'elles aient peur que la CNSS et les impôts leur bouffent les quatre sous qu'elles gagnent. Il faudrait donc renforcer et généraliser l'information tout en instaurant un climat de confiance.