Le Temps-Agences - Des villageois du Sud-Liban imputent à des casques bleus français des tensions et des accrochages observés récemment près de la frontière avec Israël, jugeant leurs patrouilles provocatrices et importunes. Les deux dernières semaines ont été marquées par une multiplication des incidents dans la zone frontalière, bastion du Hezbollah. La semaine dernière, des habitants du village de Kabrikha ont attaqué des soldats français de la Finul, s'emparant de leurs armes et blessant leur commandant. Une vive tension règne depuis qu'Israël a accusé la Syrie en avril de faire parvenir au Hezbollah des missiles Scud à longue portée. Beyrouth et Damas ont rejeté l'accusation, qui n'en a pas moins accru un sentiment d'insécurité. La Force intérimaire de l'Onu au Liban souligne que ses unités respectent les droits des civils libanais, mais des habitants de Kabrikha et de cinq autres localités de la zone frontalière du Sud-Liban affirment depuis trois mois que l'attitude de l'unité française est devenue "provocatrice" et soulève des doutes quant à sa neutralité. "Récemment, ils se sont mis à circuler (...) entre les maisons et à prendre des photos dans le village. Une fois, ils ont pris une photo d'une vieille femme à son domicile", rapporte Ahmed Zahoui, habitant de Kabrikha âgé de plus de 70 ans. "Ce n'est pas acceptable ici, nos traditions ne le permettent pas et nous ne l'admettons pas. Nous le leur avons dit une fois, deux fois et une troisième fois mais ils n'ont jamais écouté", ajoute-t-il avec colère. Le général Alberto Asarta Cuevas, commandant de la Finul, a déclaré que celle-ci respectait la culture, la vie privée et les biens des habitants de la région. Dans une lettre ouverte aux Libanais du Sud publiée jeudi, le général espagnol précise: "Nos soldats ont reçu pour instructions claires de ne pas prendre de photos, sauf si c'est absolument nécessaire pour des raisons opérationnelles." A la demande de la France, le Conseil de sécurité de l'Onu devait se réunir vendredi soir pour examiner ces incidents. L'armée libanaise s'apprête à envoyer une brigade supplémentaire dans le Sud à la suite des accrochages, rapporte vendredi le journal an-Nahar. Certains villageois disent craindre qu'Israël n'exerce des pressions sur la France pour qu'elle espionne à son profit le Hezbollah, qui jouit d'une large popularité dans le Sud où il passe pour avoir été à l'origine du retrait israélien de la région en 2000 après plus de vingt années d'occupation. Le coordonnateur spécial de l'Onu pour le Liban, Michael Williams, a fait état la semaine dernière de plusieurs accrochages au Sud-Liban en notant que certains avaient été "visiblement organisés". Des diplomates occidentaux estiment que des membres du Hezbollah ont encouragé les incidents et y ont participé, ce que nient le mouvement et des villageois.