La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a effectué hier à Islamabad, sa deuxième visite en six mois. Accompagnée de l'émissaire spécial américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke, elle a annoncé une aide financière substantielle et demandé avec insistance plus d'efforts à Islamabad dans la lutte contre le terrorisme. La veille, le porte-parole des forces alliées, en Afghanistan (l'Isaf) a affirmé que le Mollah Omar se cache au Pakistan et hier le chef de l'OTAN a admis publiquement les difficultés de cette alliance militaire en Afghanistan. C'est une situation des plus inextricables pour Washington qui se trouve tiraillée entre l'obligation de gagner une guerre interminable en Afghanistan face à des talibans qui font subir quotidiennement de lourdes pertes aux GI's et le peu d'empressement de son allié pakistanais à les combattre « efficacement ». Pour les Américains, il y a urgence de progrès sur le terrain en Afghanistan après l'envoi de renforts militaires substantiels et le remplacement du général McChrystal par David Petraeus, censé être la dernière carte d'Obama pour gagner la guerre. Ceci nécessite également un contrôle strict par Islamabad de ses frontières poreuses avec l'Afghanistan. Mais malgré l'aide américaine, Islamabad ne semble pas pressée de prêter main-forte à Washington car la confrontation avec les talibans afghans ne sert pas forcément ses intérêts stratégiques dans la région. En somme c'est une sorte de « dialogue de sourds » entre les deux « alliés ». Islamabad n'a donné, jusqu'à présent, que des promesses pour un engagement plus résolu contre les talibans. Ceci démontre les limites de la solution militaire surtout dans un pays comme l'Afghanistan, où aucun des envahisseurs tout au long de l'histoire, n'est sorti vainqueur face aux Pachtounes. La solution est plutôt politique et doit englober toute la région du Proche et Moyen-Orient. D'ailleurs, le général Petraeus y a fait allusion, déclarant quand il avait la charge du commandement central américain, que la non résolution du conflit israélo-palestinien est l'une des causes de la mort des soldats américains en Irak et en Afghanistan.