Anouar Brahem a su donner au Oud une légèreté, une suavité et une fraîcheur qui n'appartiennent qu'a lui. Avant-hier, ce grand virtuose nous a éblouis par un horizon de notes et un univers mêlant, tunisien, oriental, jazz. Il nous a fait découvrir son amour et sa passion pour le Oud. Accompagné par Bjorn Meyer, (basse), Klaus Gesing, (clarinette basse), et Khaled Yassine, (darbouka & Bendir), Anouar, ce grand maître enchanteur nous a présenté un répertoire riche, dont la musique allie puissance et légèreté. Après « Achak Beyrouth », le rythme s'accélère. Un vrai dialogue entre musiciens, dans ce décor enchanteur et cette magie du lieu. Anouar a tenu à rendre hommage à Mahmoud Dérouiche, un poète très estimé par ce luthiste, ouvert sur le monde et passeur de cultures, qui sait jouer et improviser. Les touches de Brahem expriment des tableaux multicolores, une sensibilité et des couleurs d'ici et d'ailleurs avec des influences parfois mystiques, appréciées par l'assistance. Chaque note raconte une histoire. Dans un seul morceau, on écoute différentes facettes de cette musique authentique. Des morceaux comme « Danse sur les vagues », « Une station à Djibouti », « Les yeux de Rita », et autres ont retenu un grand public, connaisseur et enivré par cette musique belle et innovante et qui a tenu à saluer ces musiciens par des bravos et des applaudissements. A mesure que l'on avance dans le temps, l'ambiance se fait plus festive, le rythme plus tonique et l'atmosphère plus allègre. De temps à autre, le public vibre avec Klaus Gesing avec des solos remarquables et les percussions soutenues par Khaled Yassine. Anouar, égal à lui-même et très gai, a su résonner la poésie envoûtante de son oud dans les contextes les plus variés, du jazz dans tous ses états aux différentes traditions musicales orientales et méditerranéennes. Et la fête du Oud continuait avec « Habibati El Jalil », « Ala Nahr », « Hala Yakhadha », « Zaama Iya, Zaama La » . La musique d'Anouar Brahem est méditation voluptueuse. Elle est intense et limpide. Son récital a été une belle démonstration de génie et de créativité. Sa prestation a, quant à elle, permis à l'assistance de prendre la mesure d'une autre manière d'être du luth conciliant, avec brio, des airs anciens et modernes dans des partitions merveilleuses ouvertes sur la musique du monde, et donnant ainsi une leçon éloquente de la capacité de la musique à jouer les rôles du rapprochement, de l'ouverture et du dialogue. Ce grand luthiste au doigt d'or, a réussi à interpréter des compositions originales, des improvisations inédites ou des fusions riches et ouvertes sur l'universel. La communion avec le public était totale. Ce fut une bonne rencontre.