Israël a-t-il organisé l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri ? Le chef du Hezbollah est catégorique et il l'annonce solennellement, affirmant en détenir les preuves qui l'attestent. Le chef du Hezbollah affirme encore qu'il présenterait une « preuve concrète et audiovisuelle sur les tentatives d'Israël à travers ses agents de profiter de la rivalité politique qui existait entre Rafic Hariri et le Hezbollah pour convaincre son entourage que le parti avait l'intention d'assassiner » le dirigeant sunnite. C'est la première fois que la piste israélienne est évoquée dans cet horrible attentat à la camionnette piégée. On savait à l'époque que l'opération ne pouvait être commanditée que par une partie puissante et agissante sur la scène libanaise. On savait, également, que la présence militaire syrienne sur le sol libanais était dans le collimateur des grandes puissances et d'Israël et qu'une grande partie de la classe politique libanaise dénonçait la mainmise de Damas sur la vie politique du pays et sur les appareils de l'Etat. Pour l'enquête internationale menée par l'ONU, la Syrie était l'accusé idéal et on lui a fait porter pour un certain temps la responsabilité de l'assassinat précipitant, suite aux pressions insistantes, le retrait de ses troupes du pays. Mais, ce que l'enquête occulte ou essaye d'omettre, est l'influence qu'exerce Israël sur le Liban par le jeu sordide de la politique souterraine et souvent par l'intervention de sa machine à tuer, son puissant service secret, le Mossad, le but étant de semer la discorde entre les différentes familles politiques, entretenir les tensions confessionnelles et maintenir son voisin du nord dans un éternel état de faiblesse propice à ses intérêts immédiats et futurs. Pour toutes ces considérations, les accusations de Nasrallah ont l'air d'être crédibles. Seulement, pourquoi a-t-il gardé un long silence alors qu'il avait les preuves de l'implication d'Israël ? Il redoutait, peut-être, les conséquences de l'accusation par le Tribunal spécial pour le Liban de membres de son parti. Une accusation qui raviverait le feu de la violence et mènerait à de nouvelles confrontations sanglantes avec les Sunnites. Un tel scénario serait catastrophique pour le Liban alors que le Sud est en ébullition et la tension à son paroxysme à la frontière libano-israélienne.