Le Temps-Agences - Le procureur du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) Daniel Bellemare a mis en garde hier contre "toute spéculation" sur le contenu confidentiel de l'acte d'accusation dans l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, "première étape" vers "la fin de l'impunité au Liban". "Toute spéculation sur le contenu de l'acte d'accusation serait contre-productive", a indiqué Bellemare dans une déclaration enregistrée au TSL, à Leidschendam, près de La Haye, alors que le puissant parti chiite Hezbollah s'attend à être mis en cause. "Cet acte d'accusation n'est qu'une première étape sur la route qui mène à la fin de l'impunité au Liban, c'est aussi la première étape du processus judiciaire", a souligné le magistrat canadien. Le procureur avait remis lundi après-midi son acte d'accusation, attendu depuis des mois au Liban et dans toute la région, au juge de la mise en état. Celui-ci est chargé de l'examiner et de le confirmer avant le lancement de mandats d'arrêt ou de citations à comparaître. "Le maintien de la confidentialité est essentiel car je ne peux présumer que le juge de la mise en état confirmera l'acte d'accusation", a expliqué Bellemare, selon lequel le document sera rendu public "en temps voulu". Il a rappelé qu'en vertu du règlement du tribunal, il ne pouvait révéler les chefs d'accusation ou le nom des personnes concernées par l'acte d'accusation. Le Hezbollah, qui s'attend à être mis en cause par le TSL, a fait pression depuis des mois sur le Premier ministre Saad Hariri, le fils de Rafic, pour qu'il désavoue le tribunal, ce que ce dernier a refusé de faire. Le différend sur le TSL avait mené le 12 janvier à la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés, provoquant l'effondrement du gouvernement d'union de Saad Hariri. "Pour la première fois, une procédure judiciaire a été lancée par un tribunal international contre les responsables d?un assassinat politique au Liban", a mis en avant le procureur du TSL, créé en 2007 par une résolution des Nations unies et qui a ouvert ses portes le 1er mars 2009. Le tribunal est chargé de poursuivre les auteurs de l'attentat à la camionnette piégée qui avait causé la mort du Premier ministre libanais Rafic Hariri et de 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth. Pour certains, "cela a pris beaucoup de temps", pour d'autres, "le dépôt d'un acte d'accusation est venu trop tôt", a reconnu le magistrat. "Le cours de la justice ne peut être bousculé. Les preuves doivent être crédibles et incontestables". Le procureur s'est adressé aussi aux victimes de l'attentat: "le tribunal a fait l'objet de nombreuses attaques mais cela ne vous a pas ébranlé". Le président américain Barack Obama s'était félicité lundi soir du dépôt de l'acte d'accusation du procureur, "un pas important vers la fin de l'ère de l'impunité des assassinats" au Liban, qu'il a appelé au calme. ----------------------------------- Tension à Beyrouth Le Temps-Agences - Les forces de sécurité libanaises ont pris position hier dans le centre de Beyrouth où plusieurs écoles ont été fermées en raison des tensions liées à l'acte d'accusation dans l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005. Des groupes d'hommes se sont rassemblés tôt dans la matinée dans plusieurs quartiers de la ville, suscitant l'inquiétude des habitants d'origine sunnite qui disent qu'il s'agit de militants du Hezbollah ou de ses alliés chiites du mouvement Amal. Le Hezbollah avait pris le contrôle de la partie occidentale de la capitale libanaise et plusieurs dizaines de personnes étaient mortes dans des combats dans l'ensemble du Liban. La raison invoquée par le Hezbollah est le refus de Saad Hariri de rompre avec le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), instance formée sous l'égide de l'Onu et chargée d'enquêter sur l'attentat.