Baisse d'attraction du produit tunisien, évolution de la demande touristique qui s'oriente de plus en plus vers les technologies de la communication (TIC), et contexte mondial caractérisé par une concurrence acharnée… Trois bonnes raisons incitant à repenser le secteur touristique national de fond en comble. Et c'est chose faite, puisqu'une « étude stratégique portant sur le secteur touristique à l'horizon 2016 » vient d'être mise au point, pour aider ce secteur à retrouver son rythme d'antan. Les résultats de « l'étude stratégique du secteur touristique » ont été soumis à une consultation régionale qui a réuni, hier matin, dans un hôtel de la place des opérateurs et des compétences du domaine touristique. Le Président de la FTH (Fédération tunisienne de l'hôtellerie), M. Mohamed Belajouza a ouvert le débat en exposant les grands défis que notre tourisme doit relever, dont la rude concurrence qui se fait sentir ces dernières années ainsi que la nécessité de s'adapter aux nouvelles technologie de la communication (TIC), « étant donné que la majorité des réservations se font aujourd'hui par l'Internet. » a-t-il avancé. «Il va sans dire que notre produit tunisien est essentiellement balnéaire et saisonnier et que notre destination est centralisée sur les T.O. ( France : 66%, Allemagne : 80% et GB : 63%) mais il est temps de l'adapter à la demande des touristes et de l'amener à épouser son siècle. Histoire de revoir à la hausse nos recettes dans ce domaine. », a fait remarquer M. Habib Ammar, Directeur général de l'ONTT qui a présenté les grands axes de la stratégie en question qui se résume à un ensemble de 160 mesures dispatchées sur cinq différents plans d'actions, à savoir, la diversification de l'offre en développant une nouvelle charte qualité, la promotion du produit tunisien en adoptant une approche marketing par pays, la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel qui reprenne, entre autres, le système de formation professionnelle, l'accommodation à une politique de tourisme web compatible en revoyant le site de l'ONTT et en renforçant la formation en e-tourisme, et pour finir la restructuration des finances du secteur.« L'étude, a-t-il rappelé, a été entamée depuis un an. Elle vise à détailler un plan d'action pour le secteur touristique à l'horizon 2016. Il est ainsi question de diagnostiquer le secteur dans ses différentes composantes pour l'amener à être plus compétitif, d'améliorer sa rentabilité pour qu'il contribue davantage au PIB national et adopte une approche qui permet plus de visibilité au produit touristique tunisien. » Demain, tous des e-touristes Le Directeur général de l'ONTT a passé en revue les différentes actions prioritaires de cette étude. On en cite le fait de repenser le site de l'ONTT qui sera reconstruit autour de trois espaces, Intranet, Extranet et Grand public. Cela permettra d'organiser le secteur du e-tourisme en éditant une charte éthique des TIC pour l'ensemble des agents du tourisme. Dans la foulée, une e- administration sera apte à revisiter l'ensemble des activités des départements et des fonctions de l'administration avec l'outil web. On apprend aussi qu'un budget sera alloué pour la e-promotion qui aboutira à la création d'une vitrine de notre tourisme à travers le web. Le but étant de développer un système d'information à travers la toile d'araignée qui permettra de valoriser le patrimoine touristique de la Tunisie. La formation professionnelle, elle, est placée dans la liste des priorités de ce plan d'action. Un « projet pilote » sera ainsi lancé pour adapter le système de formation touristique aux exigences du marché. La e-formation sera prise en ligne de compte, aussi, pour mettre à niveau la formation des professionnels du secteur en matière de TIC. Il faut dire que l'étude stratégique du secteur touristique promet beaucoup pour repenser le domaine et l'amener à être au diapason des exigences des temps présents,- mondialisation oblige. Reste à connaître, sur le plan pratique, l'organisme auquel incombera la tâche de mettre en pratique toutes ces bonnes résolutions et de contrôler le bon déroulement de ce programme fort ambitieux. C'est du moins la suggestion de M. Mourad M'henni, un hôtelier qui s'est montré sceptique quant à la réalisation de cet ensemble d'actions qui font intervenir plusieurs parties. « Quel poids aura cette stratégie pour les autres ministères ? Il y a lieu de remarquer aussi qu'on a déjà organisé des événements pour promouvoir le produit touristique tunisien mais qu'on a eu pas mal de problèmes logistiques à cause du manque de communication entre les ministères. » a-t-il souligné. M. M'henni rejoint, par ailleurs l'avis de plusieurs hôteliers présents qui n'ont pas manqué d'exprimer leur mécontentement quant à un article qui donne au ministère de tutelle la possibilité de nommer un nouveau gestionnaire pour les hôtels en difficulté financière. « C'est un point de déséquilibre moral pour les professionnels du secteur. Le bureau d'étude auquel on a confié la réalisation de cette stratégie, a passé en sourdine le fait que l'hôtellerie a commencé, en Tunisie depuis 1960 et que certains hôteliers sont dans le domaine depuis déjà des décennies. Il est inconcevable que des hôteliers soient dépourvus de leurs biens du jour au lendemain ! » A méditer.