Cinq axes stratégiques, 20 actions prioritaires et pas moins de 160 mesures constituent les ingrédients de l'étude stratégique du secteur touristique à l'horizon 2016. Une étude qui se veut ambitieuse et qui tente de mettre l'accent sur les défis à relever et les objectifs à atteindre d'ici 2016. L'objectif majeur étant celui d'attirer 10 millions de touristes contre environ 7 millions actuellement. Cap sur cette étude qui constitue une feuille de route du tourisme tunisien. Innover pour se distinguer Comme on l'a déjà souligné, l'étude en question repose sur cinq axes stratégiques pour faire face aux principales lacunes entravant le développement du secteur : la diversification et l'innovation de l'offre, la promotion et le marketing, le cadre institutionnel, la restructuration des finances du secteur et l'utilisation du tourisme web compatible. Dans le domaine de la diversification et de l'innovation de l'offre, il s'agit notamment de développer la charte de qualité "Jasmin", d'encourager la promotion de l'innovation et de diversifier les types d'hébergement touristique. Des mesures qui s'imposent vu l'état actuel des choses : le produit touristique tunisien est peu diversifié et se base essentiellement sur le balnéaire. La diversification du produit a été déjà évoquée depuis des années sans qu'on puisse concrètement la réaliser. L'image du tourisme tunisien manque de rayonnement à l'extérieur. D'où la nécessité de diversifier le produit, de dépasser le cadre de l'offre saisonnière et de poursuivre l'opération de mise à niveau. Pour ce qui est du volet relatif à la promotion et au marketing, l'on table sur la signature de partenariats, l'adoption d'une approche marketing par pays et la diversification des sources de financement. Ce volet a pour point de départ une évidence : la Tunisie ne manque pas d'atouts. Il faudrait, néanmoins, réussir à les valoriser, à les mettre en évidence et à en tirer profit. La construction d'une nouvelle politique événementielle s'avère cruciale à ce niveau. A la lumière des nouvelles tendances du tourisme mondial et des mutations profondes des comportements des touristes, la présence de la Tunisie dans les manifestations touristiques internationales est devenue essentielle, d'autant plus que l'attractivité du produit touristique tunisien a baissé, vu la concurrence des destinations traditionnelles mais aussi des nouvelles destinations. Faible positionnement sur la Toile Avec la révolution numérique et le faible positionnement de la destination Tunisie sur la Toile, l'exploitation du web pour promouvoir le tourisme tunisien s'impose. La grande absence ou presque du tourisme tunisien sur le Net constitue une grande insuffisance du secteur. Or, on sait l'importance que revêt la Toile au niveau du choix des destinations touristiques et des réservations, et ce, à l'échelle mondiale. Concrètement, l'étude propose de refondre le site de l'Office national du tourisme tunisien (Ontt). L'Ontt doit donc chercher à concevoir ses services en ligne en tenant compte des besoins des usagers. Pour cela, il est prévu d'allouer un budget e-promotion, de créer un label à l'intention des hôteliers et des agences de voyages, d'éditer une charte éthique des TIC pour l'ensemble des opérateurs et de créer une e-administration propre aux professionnels du secteur. Outre le site de l'Ontt, l'étude prévoit la mise en place de l'e-gouvernance, la réalisation du programme "Archipel" de référencement et le renforcement de la formation dans le domaine du tourisme. Le tout est de permettre aux opérateurs du secteur de consulter, répondre, obtenir ou envoyer par des moyens électroniques les informations, de développer l'utilisation et les réservations par Internet, de diffuser la culture de l'Internet parmi les professionnels du secteur et de développer l'e-commerce et l'e-tourisme comme spécialités dans les écoles hôtelières. L'écartement du secteur de la Toile a en quelque sorte produit un tourisme tunisien loin de la réalité du tourisme mondial. Certaines insuffisances et autres retards pris à ce niveau doivent être dépassés. L'objectif étant que le tourisme tunisien demeure dans la course des destinations touristiques mondiales. La Toile est devenue la plateforme de cette compétition à grande échelle. Il est temps de s'y adapter. Développer la formation S'agissant de la restructuration financière du secteur, les axes proposés s'articulent autour de la réalisation d'un état des lieux financier des hôtels et du rétablissement de la santé financière des hôtels en légère, moyenne et forte difficultés. Le cadre institutionnel n'est pas en reste. L'étude estime nécessaire de signer le Pacte «stratégie 2016», de réorganiser le dispositif institutionnel, de mettre en place la structure projet et de réaliser la refonte de la formation professionnelle touristique. Ce dernier point implique notamment d'adapter en deux ans la formation aux nouveaux besoins du secteur et de lancer un projet pilote emblématique de cette volonté d'adaptation du système de formation. Le cadre institutionnel doit donc être revu et corrigé. Cela requiert, entre autres, une réorganisation du ministère du Tourisme, un recentrage de l'Ontt sur son cœur de métier et le développement de la coopération intersectorielle entre le tourisme et les autres secteurs économiques. Le tourisme tunisien sera t-il en mesure de relever ces défis? Va-t-il disposer des moyens nécessaires pour cela ? Le plan d'action est bel et bien établi. Il convient désormais de réaliser ces actions prioritaires et d'exécuter les 160 mesures contenues dans l'étude stratégique du secteur touristique à l'horizon 2016. L'avenir de la destination Tunisie est à ce prix. Il ne suffit plus désormais d'être bon mais le meilleur et tout faire pour le rester.