Le Temps-Agences - Des soldats libanais patrouillaient hier dans un quartier de Beyrouth au lendemain d'affrontements de rue entre des militants du Hezbollah chiite et des membres d'une petite faction sunnite qui ont fait au moins quatre morts. Les violences de mardi soir -les plus graves dans la capitale du Pays du Cèdre depuis 2008- ont éclaté dans le quartier de Bourj Abou Haider, à la périphérie du centre-ville, à la suite d'une querelle, qui a dégénéré en combats avec mitrailleuses et lance-roquettes. Des responsables des services de sécurité ont déclaré que quatre personnes avaient perdu la vie, trois membres du Hezbollah et un militant du groupe sunnite Al-Ahbach. On ignore les raisons pour lesquelles les violences ont pris une telle ampleur, mais les tensions se sont accrues récemment entre les communautés sunnite et chiite sur fond d'informations selon lesquelles des membres du Hezbollah seraient mis en cause dans l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, principal dirigeant sunnite du pays. Abdul Qadir al-Fakhani, un porte-parole d'Al-Ahbash, a précisé que son groupe rencontrait hier le Hezbollah et l'armée libanaise pour éviter tout nouvel embrasement. D'après lui et un autre témoin, le désordre a régné devant la mosquée Bourj Abou Haidar pendant une vingtaine de minutes avant que les incidents ne débutent. Des hommes "criaient et s'insultaient", a expliqué Abdul Qadir al-Fakhani à l'Associated Press. Puis "un groupe du Hezbollah s'est approché de la mosquée", a-t-il dit. En l'espace d'une vingtaine de minutes, les deux camps ont apparemment appelé des renforts puis les affrontements de rue ont commencé. Le Hezbollah n'a fait aucun commentaire, à l'exception d'un communiqué conjoint diffusé mardi soir par les deux groupes, qui précisait que les violences résultaient d'une "querelle de personnes" et n'avaient aucun fondement "politique ou intercommunautaire". Al-Ahbach est un groupe musulman profondément conservateur et un adversaire de nombreux autres groupes sunnites du pays, y compris du mouvement du Premier ministre. Il a fait parler de lui après l'assassinat de Rafic Hariri. Deux de ses hauts responsables ont été détenus pendant quatre ans, soupçonnés d'implication dans l'homicide, avant d'être relâchés. Le Hezbollah et Al-Ahbach se sont opposés par le passé en raison de divergences théologiques mais ont été des alliés politiques: leurs candidats ont figuré sur les mêmes listes à l'occasion des élections législatives de 2009.