Conférence de presse du président de Shell Afrique : «Je comprends l'inquiétude du personnel de Shell Tunisie, un cas unique pour Shell Afrique». On passerait du «down- stream» au «up-stream» Tout dépendra du potentiel acquéreur de l'actionnariat «Vitol et Helios» A première vue, rien ne va changer. « Shell, reste en Tunisie. La marque, les stations de services, les réseaux informatiques et surtout le personnel n'auront pas à subir beaucoup de changements. Sauf que tout cela, dépendra des négociations en cours avec les acquéreurs potentiels; Vitol et Helios». Shell Tunisie garderait quand même ses standards, ses différents systèmes informatiques et de sécurité ainsi que ses procédés de marketing. C'est ce qui a été annoncé par M. Xavier le Mintier, président de Shell Afrique, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au club de la Compagnie. Shell, présente en Tunisie depuis 88 ans, décide de se retirer de ce qui est appelé dans le jargon des compagnies pétrolières des activités «down-stream» pour s'occuper des activités «up-stream». C'est-à-dire qu'ayant jugé ses activités éparpillées, la compagnie a opté pour l'abandon de ses activités de distribution et de lubrification pour se reporter sur les activités d'exploration et d'exploitation. Ainsi, la société anglo- néerlandaise décide de se retirer des pays africains. Au début, au mois d'avril dernier, on évoquait une sortie totale de 21 pays africains, mais petit à petit ils ne sont plus que 19 pays, dont la Tunisie, et elle ne se retire pas entièrement, non plus. Selon Xavier Le Mintier « Shell garderait un actionnariat minoritaire dans ses activités en Tunisie, et l'ensemble des activités continueront sous la marque Shell, avec une seule exception pour la marque Butagaz dont les actions ne seront pas transférées, étant la propriété d'une autre société en France». De l'Afrique « on ne va pas se retirer des pays ayant d'importantes populations et ainsi qu'un gros potentiel de croissance, tel que l'Afrique du Sud ou l'Egypte », précise encore le responsable de la multinationale. Et M. Le Mintier d'ajouter «d'autres compagnies pétrolières se sont retirées, sans le communiquer. Dans notre cas nous avons choisi la transparence, mais beaucoup de facteur». En tout état de causes, il s'agit de la reprise de tout un business « et c'est ce que j'ai essayé d'expliquer à des membres du gouvernement tunisien » a encore affirmé M. Le Mintier. «Vitol» et «Helios» est une union entre deux entités intéressées par la reprise des activités de la société sur l'ensemble du continent africain. Vitol est en effet l'un des traders de pétrole les plus puissants sur les places financières internationales. Il s'agit d'une société gérée par des anciens de Shell et qui sont en concurrence avec leur entreprise mère représentée par Shell Trading. Et « ils ont fait le choix stratégique d'entrer dans la distribution, a expliqué M. Le Mintier, Shell leur offre une chaine de distribution mise en place, outre le brand (la marque) et la forte synergie ». Discrétion… Le responsable de Shell demeure quand même discret sur pas mal d'autres questions. La participation de Shell dans cette nouvelle forme d'actionnariat, le montant des transactions et d'autres questions « resteront archi- confidentiels ». Selon lui, les négociations sont encore en cours et elles n'aboutiront qu'à la fin de l'année. Ainsi, aucun chiffre et aucun montant n'ont été divulgués, étant « archi- confidentiels ». Par contre, le président de Shell Afrique a admis « comprendre l'inquiétude du personnel de Shell Tunisie, lequel est cas unique pour Shell Afrique. La réaction du personnel tunisien n'a pas été recensé ailleurs dans les autres pays concernés par cette transaction». Le personnel qui clame avoir adhéré totalement aux principes et à la culture de Shell se dit « trahi par la vente de cette compagnie dont il a contribué à sa réussite et à son expansion pendant de longues décennies», selon les employés. En Tunisie, précise encore le personnel de Shell, les salaires sont quelconques par rapport à ce qui existe sur le marché et par rapport à ce que reçoivent les employés de Shell un peu partout dans le monde. Le personnel se dit trahi parce qu'il a adhéré à une culture qui lui permettrait d'ambitionner une carrière à une multinationale de renommée et qui lui permettrait de poursuivre son évolution dans des postes à l'étranger au sein de Shell elle-même. Les cadres de Shell se plaignent du fait que leurs futurs anciens chefs n'aient même pas envisagé de mettre en place un plan social qui leur garantirait certains droits une fois les nouveaux acquéreurs arrivés. Mais pour M. Le Mintier « Shell a toujours été transparent. Le passage de la majorité de l'actionnariat à quelqu'un d'autre ne mettra pas la situation du personnel en danger. Nous reconnaissons que le personnel de Shell Tunisie est toujours caractérisé par sa loyauté, mais notre politique salariale a toujours été transparente». selon lui, une enquête est élaborée toutes les deux années et c'est à la lumière de ses résultats que Shell rémunère ses employés « qui sont les mieux payés de la place, mais que peut être à cause du taux très faible de rotation qu'ils se sont inquiétés ». La conférence de presse n'a en effet pas aidé à voir plus clair dans ce dossier de Shell. Toujours est-il que pour M. Le Mintier, Shell gardera de bonnes relations avec la Tunisie, d'ailleurs, et comme prémices, la multinationale a réussi à glaner deux permis d'exploration de pétrole en Tunisie. Mais à l'instar de beaucoup d'autres questions, le responsable n'a pas mentionné si ces puits auront un débit riche en pétrole ou pas, passant sous silence le temps que durera encore la présence de Shell en Tunisie.