Le Temps-Agences - L'Amérique, forte de sa puissance et de ses valeurs de progrès, doit assumer sans complexe le rôle dirigeant d'une "nouvelle architecture mondiale" appelée à résoudre les problèmes de la planète, a plaidé hier la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. A quelques semaines d'élections législatives périlleuses pour le président Obama, Mme Clinton a vanté un "renouveau national" fondé sur "la puissance économique et l'autorité morale", qui serait perçu comme tel à l'étranger. Ceux qu'Hillary Clinton croise de par le monde "attendent de l'Amérique non seulement qu'elle s'engage, mais qu'elle dirige", a dit la chef de la diplomatie américaine dans un long discours au centre de réflexion CFR. "Le monde regarde vers nous", a-t-elle exposé, "parce que l'Amérique a la capacité, et la volonté, de mobiliser l'effort partagé nécessaire pour résoudre les problèmes mondiaux, dans la défense de nos propres intérêts, mais aussi en tant que force de progrès". "En cela, nous sommes sans rival", a-t-elle assuré. "Quand des adversaires de longue date ont besoin d'un intermédiaire honnête, quand les libertés fondamentales ont besoin d'un champion, les gens se tournent vers nous. Quand la terre tremble ou que les rivières débordent de leurs lits, quand les pandémies font rage ou que des tensions latentes se transforment en violences, le monde regarde vers nous", a dit Mme Clinton. Les Etats-Unis, "meilleur espoir dans un monde dangereux", demeurent "engagés à maintenir l'armée la plus puissante dans l'histoire du monde". Mais ils croient plus que jamais dans une diplomatie "qui encourage la coopération, décourage le fait de se tenir à l'écart, et défend contre ceux qui sont opposés au progrès". Hillary Clinton a cité en exemple le traitement du dossier nucléaire iranien, dans lequel Washington a d'abord tendu la main à Téhéran, avant de rallier patiemment les membres du Conseil de sécurité de l'ONU autour des plus fortes sanctions jamais adoptées contre le pays. A l'inverse de ses prédécesseurs, l'administration Obama veut faire savoir qu'elle mise sur les institutions internationales. Mme Clinton a insisté sur la nécessité de revigorer le Conseil de sécurité, tout comme sur le G20 et sur l'utilité des Nations unies pour combattre le réchauffement du climat. Bien des éléments de "la nouvelle architecture mondiale" restent à concevoir, a-t-elle aussi suggéré. "Résoudre aujourd'hui les problèmes de politique étrangère exige que nous réfléchissions sur un plan régional et mondial afin de voir les interactions et les connexions entre les pays, les régions, les intérêts, et pour rassembler les gens comme seule l'Amérique peut le faire". Les questions du développement et des puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil, Russie,...) manifestent aussi l'approche volontaire de l'équipe Obama. Aider un pays à sortir de la pauvreté, a affirmé Mme Clinton, "est un impératif (...) aussi central que la diplomatie ou la défense pour promouvoir les intérêts américains". C'est "un pari sur l'avenir, dans lequel de plus en plus de pays pourront contribuer à résoudre les problèmes de leur région et au-delà". Quant aux pays "émergents", leur responsabilité augmente avec leur puissance. A eux d'"accepter leur part du fardeau des problèmes mondiaux", et de "respecter un ensemble de règles". Les Etats-Unis, a souligné Mme Clinton, entendent "défendre la démocratie" et ne pas masquer les désaccords de fond avec ces pays, comme "les droits de l'homme avec la Chine, ou l'occupation russe de la Géorgie". Mais là encore, l'Amérique veut "établir des relations positives, durables et productives, aptes à survivre aux moments de désaccord".