Admirez l'anti-symbolisme : le « Dove World Outreach Center » se traduit « Centre Colombe pour aider le monde ». Il est composé de fondamentalistes évangéliques brandissant, ces derniers jours la menace de brûler le Coran, le 11 septembre prochain. Ces « Colombes » ont une vocation de pyromanes et de profanateurs. Il n'existe nulle part ailleurs qu'en Amérique des ramifications profanatrices de cet acabit. La diversité ethnique, le communautarisme, jadis signe distinctif du « melting pot », où le rêve américain se réalisait toutes les secondes, tout ce brassage est, aujourd'hui, rattrapé par des croisades de la cinquième dimension, par un néo-évangélisme transformant les chapelles en hauts lieux du sectarisme religieux à côté d'églises « méthodistes » poussant le puritanisme jusqu'à… l'intégrisme pur et dur. Sont-ce là des manifestations religieuses ? Non, la Bible, la Torah, les Evangiles sont tous fondés sur la tolérance. Et, en prolongement de la dévotion à un Dieu unique pour les enfants d'Abraham, (musulmans, chrétiens, juifs), le Coran sacralise les livres des deux autres religions monthéistes et apporte une vision plus complète de l'humanité autour de versets rassembleurs et unificateurs. Si le Pasteur évangéliste Terry Jones et ses adeptes pensent que c'est là le meilleur moyen de glorifier les victimes du 11 septembre, eh bien, c'est plutôt Ben Laden qu'ils glorifient. Il est malheureux que l'Occident ne veuille pas aller au fond de la pensée islamique. S'il feint d'ignorer que le message (Arrissala) dont est investi Muhammad est d'abord un hymne à la tolérance, à l'acceptation de l'autre, à la liberté du culte c'est bien pour entretenir le spectre de cette islamophobie servant de prétexte au rejet, au racisme et à un dangereux révisionnisme religieux. Car au fond Ben Laden n'est finalement qu'un vulgaire terrroriste. Il n'a rien d'un musulman. Et en plus c'est un « Made in America » ce pays où – fatalement – les formes d'apocalypses portées à l'écran se réalisent dans la vie. Or brûler le Coran, n'est pas un acte terroriste : c'est une déclaration de guerre religieuse… Et au lieu d'adopter une position de refus éthique, la Maison Blanche se dit inquiète quant à l'embrasement qui s'en suivrait en… Afghanistan. Une logique de guerre là aussi. En tous les cas, jamais prédicateur musulman, fût-il outrancier, n'a brûlé la Bible. Jamais dessinateur musulman n'a caricaturé Jesus, Moïse ou même pas Bouddah… L'Islam est pourtant diabolisé. Déjà, un conflit de civilisations couve dangereusement. Si, maintenant, des illuminés évangélistes mettent le feu aux poudrières religieuses, eh bien, cela marquera le retour aux obscurantismes en tout genre. Et surtout en ces jours d'Aïd. Raouf KHALSI PS : Bush avait montré la voie en pendant un musulman (Saddam) un jour d'Aïd