Jamais la France n'a été en si mauvaise posture comme en ces derniers temps. Le renvoi dans leurs pays respectifs de centaines de Roms et le démantèlement de leurs campements l'exposent aux violentes critiques et aux sévères condamnations. Si l'ONU juge « préoccupante » la nouvelle politique française envers les Roms et estime que cela « ne peut qu'exacerber leur stigmatisation et l'extrême pauvreté dans laquelle ils vivent », la Commission européenne, elle, soupçonne Paris de « discrimination des minorités ethniques » et la menace de poursuites judiciaires pour non respect de la législation européenne sur la liberté de circulation des citoyens européens. L'affaire vire à la crise et place dans le collimateur l'un des fondateurs de la maison européenne. Elle est, d'autant plus intense qu'elle a donné lieu à des dérapages inquiétants et à des accusations blessantes de part et d'autre. La commissaire européenne à la Justice et aux Droits de l'Homme, la Luxembourgeoise, Viviane Reding est allée jusqu'à dresser un parallèle entre les renvois des Roms et les déportations de la deuxième guerre mondiale. Mais au-delà de la polémique, il est question de savoir à qui donner raison. N'est-il pas du droit de la France de lutter contre l'immigration clandestine et la délinquance et d'assurer la sécurité de ses citoyens et de tous ceux qui vivent légalement sur le sol français ? Et puis les Roms renvoyés par Paris sont généralement ceux qui dépassent la durée de leur séjour légal en France et sont les plus exposés aux menaces de la délinquance, étant dépourvus de sources de revenus et vivent le plus souvent dans des abris de fortune. A vrai dire, la polémique met en évidence la fragilité des institutions européennes et surtout un élargissement mal maîtrisé à l'Europe de l'Est. Elle met en évidence également l'échec de l'intégration de cette minorité ethnique et la sous-utilisation des fonds de l'UE prévus à cet effet. C'est essentiellement la Roumanie et la Bulgarie qui en payent les frais. On ne leur ouvrira pas de sitôt les portes de Schengen.