L'information a quelque chose d'étonnant, au moins dans un premier temps. A l'occasion des derniers mondiaux de basket, les résultats d'un match sont passés de la rubrique sportive à celle des conflits larvés dans le monde. La compétition a en effet comporté un affrontement haut en couleur entre la Turquie et la Serbie. Il fallait un vainqueur, et ce fut la Turquie, avec un petit point d'écart, ce qui attise les passions dans ce genre de joute, mais c'est du sport, paraît-il. La suite fut jouée beaucoup plus loin, à Mitrovic au Kosovo, ville qui sépare les ennemis jurés de la guerre des Balkans. Comme dans les sorties de stade désormais habituelles, les Kosovars ont nargué les Serbes amassés sur l'autre trottoir de la rue qui fait séparation. Des rancœurs fossilisées ont refait surface et les casques bleus ont dû intervenir. On sait que les stades sont devenus les champs de bataille courants des nationalismes exacerbés et du tribalisme viscéral, mais on ne comprend pas les tenants et les aboutissants des échauffourées de Mitrovic si on devait en rester à la géographie des temps actuels. Revenons un peu en arrière, du temps où le monde a décidé de faire la leçon à Milosevic de Serbie en redonnant son indépendance au Kosovo. Dans la foulée des combats et de la fuite de la population civile, on avait appris que les Kosovars dits Albanais avaient été secourus en urgence et en premier par La Turquie. De toute évidence, les raisons de l'histoire reprenaient le dessus sur la raison tout court. On sut aussi que les Russes se sont fait un devoir de donner raison aux Slaves qui se trouvaient être des Serbes. On sut aussi que certains militaires, pour agents des Nations Unies qu'ils étaient, renseignaient de temps à autre les Serbes qu'ils étaient supposés combattre. Pour le basketball, mettre la main dans le panier pour empêcher le gain des points est une faute sanctionnée par l'arbitre. Il peut bien exister des arbitres véreux pour faire semblant de ne pas voir. Mais dans la politique des Nations, l'arbitre peut aussi continuer à sanctionner l'équipe spoliée sans encourir les remontrances de la fédération. On le voit bien avec l'arbitrage américain dans le match truqué des pourparlers actuels. Dans cette affaire, tout le monde sait que les dés sont pipés et que les perdants sont connus d'avance. Le rituel veut qu'on continue à jouer indéfiniment les prolongations, pour l'exemple et pour retenir les spectateurs endormis par le spectacle piteux des dribbles et des rebonds sans enjeu réel. Et il n'est même plus question de fairplay. B.B.R.