Sale temps pour la France. Agitée à l'intérieur par une contestation sociale contre la réforme des retraites, elle est confrontée, à l'extérieur, au rapt de nombre de ses ressortissants, deux journalistes en Afghanistan, trois marins au Nigeria et cinq personnes au Niger, retenues actuellement au Mali. C'est le sort de ces derniers qui la préoccupe le plus et pour cause, leur enlèvement est revendiqué par l'organisation terroriste « Al Qaïda au Maghreb islamique » (l'Aqmi). Cette organisation s'est spécialisée dans le rapt d'étrangers circulant dans la région du Sahel et exigeant le paiement de rançons. Elle n'hésite pas à exécuter « ses » otages si ses revendications ne sont pas satisfaites. Plusieurs ressortissants européens ont payé de leur vie le refus de leurs pays de négocier avec l'organisation terroriste et à satisfaire ses exigences. D'autres pays ont dérogé à la règle. Ils ont accepté le marchandage et ont payé, s'exposant au feu des critiques, de la France, notamment. C'est le cas de l'Espagne, dont l'attitude fut dénoncée par la France, d'avoir accepté de payer, fin août, une rançon et d'avoir libéré un membre de « l'Aqmi » contre deux de ses ressortissants. Le Président français, Nicolas Sarkozy, déclarait à l'époque, que « la seule stratégie ne doit pas consister à payer des rançons et à accepter de libérer des terroristes en échange de malheureux innocents (…) ce ne peut être une stratégie ». Mais, quelle stratégie adoptera, aujourd'hui, Paris pour gérer la crise et s'en sortir avec un moindre dégât. Nicolas Sarkozy est devant un vrai dilemme. Suivra-t-il l'exemple du pays qu'il critiquait, hier, au détriment des principes dont se prévaut la France ou bien privilégiera-t-il l'option militaire avec ses graves conséquences sur la vie des otages et sur les intérêts de son pays dans la région ? Toutes les options sont sur la table, assure-t-on à Paris, sans dissimuler une préférence pour le dialogue avec l' « Aqmi ». Toutefois, les analystes assurent que la discrétion reste la stratégie la plus efficace dans ce genre d'affaires. Paris aura sûrement mis en branle depuis le déclenchement de la crise, sa diplomatie souterraine pour une solution dont on ne connaîtra jamais les détails.