Lotfi OUENNICHE - Jamais visite d'un Chef d'Etat dans un pays étranger n'avait suscité autant de controverses que celle entamée, hier, par le Président iranien au Liban. C'est qu'il s'agit de l'Iran, pays en conflit ouvert avec les grandes puissances à cause de son programme nucléaire et soupçonné de financer le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, ennemis jurés d'Israël et inscrits sur la liste noire des « organisations terroristes » du Département d'Etat américain. Il n'est pas étonnant dès lors que ce sont les Etats-Unis et Israël qui manifestent les réprobations les plus amères, lancent les critiques les plus acerbes et multiplient les mises en garde les plus alarmantes. Et c'est à partir de Pristina que la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a encore une fois fustigé, hier, la visite du Président iranien, déclarant que les Etats-Unis sont opposés à tout effort, visant à « déstabiliser ou attiser les tensions au Liban. Le dépit d'Israël est encore plus grand, d'autant plus que le programme de la visite prévoit un déplacement aux villages frontaliers du Sud, bombardés par l'armée israélienne en 2008 et reconstruits en grande partie, il est vrai, grâce à des capitaux iraniens, cette atmosphère contraste avec l'accueil chaleureux réservé par les chiites du Liban au Président iranien. Cela veut-il dire qu'il y a unanimité autour de cette visite ? Le camp des pro-occidentaux garde intactes ses appréhensions et accuse l'Iran d'ingérence dans les affaires libanaises. Car un renforcement du Hezbollah signifie l'hégémonie de ce parti, seul détenteur avec l'armée d'un arsenal militaire, sur la vie du pays. Et puis le timing est mal choisi. Le Liban se débat dans une crise politique majeur. Hezbollah et Sunnites s'opposent au sujet du tribunal spécial de l'ONU, chargé d'enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Pour beaucoup d'observateurs, la visite du Président iranien risque d'accentuer encore plus les divisions et d'exacerber les tensions.