Le Temps-Agences - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a entamé hier au Liban une visite officielle controversée perçue comme une importante marque de soutien à son allié le Hezbollah et qualifiée de "provocation" en raison d'un déplacement prévu dans le sud frontalier d'Israël. Le président conservateur, qui effectue sa première visite au Liban depuis son élection en 2005, a été accueilli avec des jets de riz et de fleurs par des dizaines de milliers de personnes qui s'étaient massées dès les premières heures de la matinée sur la route de l'aéroport. Les Etats-Unis sont opposés à tout effort visant à "déstabiliser ou attiser les tensions au Liban", a déclaré hier la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, interrogée à Pristina sur la visite du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, dans ce pays. La visite du chef d'Etat de la République islamique suscite le débat au Liban, le camp pro-occidental reprochant à Téhéran son "ingérence" et craignant que le pays ne devienne une "base iranienne" aux portes de l'Etat hébreu. "Khosh Amadi! (bienvenue en farsi), Allah Akbar (Dieu est grand en arabe)", a lancé la foule qui a poussé des cris de joie à la vue du cortège présidentiel. Des membres du Hezbollah participaient à l'organisation au côté de l'armée libanaise sur la route de l'aéroport. La plupart des routes menant à l'aéroport et à l'hôtel prestigieux "Phoenicia", où descendra le président, ont été bloquées. "Cet accueil populaire sera une gifle à tous ceux qui ont critiqué la visite, notamment les Etats-Unis et Israël, qui vivent dans un état de nervosité à cause de la venue de M. Ahmadinejad", a affirmé la chaîne du Hezbollah, Al Manar, en référence à la préoccupation exprimée par Washington et Israël, concernant cette visite. A son arrivée à l'aéroport de Beyrouth à 09H00 (07H00 HT), le président iranien a été accueilli par des députés, par les deux ministres du Hezbollah chiite au sein du gouvernement d'union et par le président du Parlement allié du Hezbollah, le chiite Nabih Berri. Il s'est rendu ensuite dirigé vers le palais présidentiel de Baabda, près de Beyrouth, où un accueil officiel lui a été réservé en présence de son homologue libanais, Michel Sleimane. M. Ahmadinejad devait rencontrer également le Premier ministre Saad Hariri. En début de soirée, M. Ahmadinejad devrait également apparaître au côté du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah lors d'un rassemblement populaire organisé par le parti chiite. "Pourquoi est-il là? Je suis dégoûtée", affirme, sous couvert de l'anonymat, Mona, chrétienne de 43 ans, devant sa maison à Dora, au nord de Beyrouth. "Ce n'est plus notre pays, c'est le pays du Hezbollah et de l'Iran", affirme de son côté Georges, également sous le couvert de l'anonymat. Aujourd'hui, au deuxième jour le président iranien doit se rendre dans des villages du sud frontalier d'Israël, durement touchés lors de la guerre de 2006 entre le Hezbollah et l'Etat hébreu. Des accords seront signés au cours de la visite notamment dans les domaines de l'électricité et l'eau. ------------------------- Attentat contre un imam sunnite Le Temps-Agences - Une bombe placée sous la voiture d'un imam sunnite, connu pour ses positions proches du Hezbollah chiite, a explosé hier à l'aube dans le nord du Liban, à quelques heures de la visite controversée du président iranien, a-t-on appris auprès des services de sécurité. L'explosion n'a pas fait de blessé. 'La voiture de Cheikh Moustapha Malas, une Volvo, a été complètement brûlée et les vitres de sa maison soufflées', a affirmé un responsable des services de sécurité. Cheikh Malas est membre du Rassemblement des oulémas (théologiens) musulmans au Liban, qui est formé de religieux sunnites et chiites. Mardi, l'imam avait critiqué 'ceux qui tentent de discréditer la visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et de lui donner un caractère confessionnel'. Cet imam de la mosquée d'Al-Minié est actuellement interdit de prêche dans sa localité par les autorités religieuses sunnites, après des protestations d'habitants contre ses discours jugés très en faveur du parti chiite.