Les pays dits du tiers-monde s'étaient rassemblés à cette conférence, dont l'objectif était, pour ces pays, de se solidariser afin de dénoncer notamment la colonisation de beaucoup de pays africain à l'époque, et dont Leopold Senghor disait qu'elle marquait « la mort du complexe d'infériorité », de ces pays. Il y avait neuf mois que la guerre d'Indochine prit fin. En Afrique, un seul pays eut droit à l'auto détermination : Le Gold Coast, qui prendra plus tard le nom africain de Ghana. C'était l'ère de paix qui commençait malgré certaines situations qui perduraient encore, telles les rapports d'hostilité entre les Etats Unis et la Chine. Cinq hommes étaient à la base de la réunion de cette conférence à savoir : Nehru de l'Inde, Nu de Birmanie, Kogelawala de Ceylan, Mohamed Ali du Pakistan et Sukarno de l'Indonésie. Ces hommes appelaient, à la non-agression, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, la coexistence pacifique et la réciprocité des avantages dans les contrats conclus entre Etats. Jean Rous, qui représentait, à cette conférence, le congrès des peuples contre l'impérialisme, la qualifia d'une « grande foire de l'anticolonialisme, bien que les porte-parole de régimes féodaux firent assaut de démagogie nationaliste » Toutefois, ce fut à cette conférence que la gauche égyptienne de l'époque avait soutenu Jamel Abdennasser, représentant du panarabisme et des masses du monde sous-développé. C'était également à l'occasion de la réunion des pays dits sous -développés d'Afrique et d'Asie qu'était né le concept de la solidarité afro-asiatique. L'Afrique du Nord était du lot. Mohamed Yazid de l'organisation « Algériens libres », y participa au nom de l'Algérie pour dénoncer avec ferveur le colonialisme en général, et la situation dans laquelle se trouvait son pays et l'état d'effervescence par lequel il elle passait, à cette époque. Le leader Salah Ben Youssef y prit part, en tant que Secrétaire Général du Néo Destour, pour représenter la Tunisie et déclarait qu'il était pour que tous les pays colonisés, dont notamment les pays d'Afrique du Nord, recouvrent leur souveraineté et leur liberté. Il clama haut et fort qu'il était contre les demi-mesures, telles que la convention de l'autonomie interne en Tunisie qui n'était dit-il, qu'un moyen pour la France d'exercer son autorité et de garder la main-mise sur le pays. Ce fut d'ailleurs son point de divergence avec le leader Bourguiba et qui fut la cause de la grande discorde entre eux. Toujours est-il qu'à cette conférence le leader Ben Youssef révéla également son panarabisme pour soutenir inconditionnellement Jamel Abdennasser en se rangeant du côté de ceux qui appelaient au resserrement des liens entre tous les pays sous-développés, afin de mieux combattre l'impérialisme et les injustices, dont le colonialisme. Jean Rous décrivait, à juste titre cette conférence comme étant « une répétition générale de l'histoire future.