Lotfi OUENNICHE - C'est le pays le plus pauvre et le plus peuplé de la péninsule arabique. Le Yémen, car c'est de lui qu'il s'agit, ne prend une relative importance sur l'échiquier international que parce qu'il se trouve au carrefour de plusieurs régions stratégiques. Cette importance s'affirme encore après les attentats du 11 septembre. La guerre contre le terrorisme engagée par les Etats-Unis et ses alliés va le placer dans l'œil du cyclone. Les Occidentaux qui, voyant en lui un potentiel vivier du terrorisme, le plaçaient, après hésitation, dans la catégorie des pays cibles. Et pour éviter d'être mis au banc de la communauté occidentale comme cela s'est passé lors de la guerre du Golfe 1990-91, et pour ne pas donner l'impression d'indulgence envers les terroristes, déjà l'attentat contre le navire de guerre américain USS Cole à Aden en 2000 et les entraves posées à l'enquête du FBI, le mettant dans une situation délicate, le gouvernement yéménite optait presque à contre-cœur pour une participation active à cette guerre voulue et instituée par les Etats-Unis. Une participation qui allait provoquer en tout cas la radicalisation d'une population sensible à la rhétorique anti-impérialiste de la nébuleuse Al-Qaïda et l'apparition d'une nouvelle génération du réseau terroriste adepte de nouvelles stratégies de la terreur. La question, aujourd'hui, est : le Yémen est-il en mesure de gagner cette bataille dans laquelle il a été poussé malgré lui ? Dans la précipitation de l'engagement, le Yémen ne savait pas qu'il entamait une descente aux enfers. Bien sûr, on lui promettait aide et assistance, mais en fin de compte, il se retrouve seul face à un implacable adversaire et en butte à un ensemble de crises et de violences qui menacent réellement la stabilité et l'unité du pays. Comment s'en sortir ? Le Yémen n'a pas d'autre alternative qu'une mobilisation de ses potentialités dans le cadre d'un consensus national pour assurer la modernisation et le développement intégral du pays. Pour faire sortir, d'abord, la population du dénuement total dans lequel elle se débat et pour assécher les sources qui alimentent le réseau Al-Qaïda. Il n'est pas sans dire que la contribution des Etats-Unis et des pays du voisinage est d'une importance primordiale.