L'inculpé dans cette affaire allait rentrer chez lui après avoir passé tout un après midi dans un des bars de la capitale. Il était dans un état d'ébriété manifeste quand il est arrivé au quartier où il résidait. En passant devant le café de la place où il avait l'habitude de s'attabler avec ses amis, il avait eu l'envie de consommer un petit express avant de rejoindre son domicile qui n'était pas loin. En pénétrant au café , il reconnut trois jeunes du même quartier que lui qui étaient attablés en train de discuter entre eux. En les voyant rigoler, il a pensé qu'ils se moquaient de lui. Ce qui l'a contrarié au début, puis après échanges de propos indécents, il s'est muni d'une chaise et l'a lancée dans leur direction, atteignant l'un d'entre eux à la tête. Le gérant du café accourut pour faire cesser l'altercation en demandant à tous les protagonistes de quitter le café et aller terminer leur bagarre ailleurs. Ils se sont retrouvés dans la rue. C'est à partir de ce moment que les déclarations sont devenues contradictoires et chaque partie prétend être victime de l'autre. Le plaignant a déclaré qu'une fois ils se sont retrouvés dans la rue, il est rentré chez lui en voulant éviter une bagarre qui pourrait dégénérer d'autant plus que son interlocuteur était dans un état d'ébriété manifeste. Mais ce dernier l'a rejoint à son domicile, l'a contraint à sortir et dans un moment d'inattention il lui a asséné des coups de couteaux essayant de mettre fin à ses jours. Alertés, les auxiliaires de la justice sont arrivés sur les lieux et ont embarqué l'agresseur. Ce dernier lors de son arrestation et après avoir été dirigé à l'hôpital où il a reçu des soins car il portait aussi des blessures dans divers endroits de son corps, a donné une toute autre version des faits prétendant que c'est lui la victime puisqu'il a été tabassé par les trois individus avec qui il s'est disputé au café. Il a déclaré qu'une fois dans la rue, ils l'ont mis par terre et les trois se sont acharnés contre lui en le tabassant très fort. Au moment où il s'est relevé pour rentrer chez lui, il a déclaré avoir trouvé le plaignant au coin de la rue menant à son domicile. Il avait un couteau et voulait l'agresser. Il a déclaré qu'après avoir reçu plusieurs coups et au moment où il voulait se défendre il a réussi a le lui arracher et lui a porté des coups. C'était dans l'intention de se défendre. Il a déclaré qu'il avait l'intention d'aller déposer une plainte mais voilà que les agents de l'ordre l'ont arrêté entre temps. Durant toutes les étapes de l'enquête il n'a fait que clamer son innocence en déclarant que c'est lui la victime. Il a été traduit en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis pour répondre de tentative de meurtre. Depuis le début de l'interrogatoire il n'a fait que clamer son innocence. Il a même pris la permission du juge, qui s'est montré très patient, de montrer son torse. Il voulait montrer ses blessures et prouver qu'il a été agressé. Le juge a lu le témoignage de deux dames présentes sur les lieux qui ont déclaré l'avoir vu asséner des coups de couteau à la victime. Sa réponse était nette, il a déclaré qu'une dame est parente de la victime et la deuxième est connue par tout le quartier comme étant malade et présente des signes de débilité mentale. Deux avocats se sont relayés pour défendre l'accusé. Les deux se sont basés sur les rapports des médecins qui ont ausculté la victime et l'inculpé. Ils étaient unanimes pour conclure qu'il n'y avait pas une tentative de meurtre mais plutôt une bagarre et un échange de coups. Pour conclure, un des deux avocats a présenté une lettre de désistement signée par le plaignant. Il a précisé que personne parmi les membres de la famille de l'inculpé ne lui a demandé de la fournir. C'est de son propre gré qu'il a adressé la demande à l'avocat, ceci démontre que le plaignant a admis qu'il a une part de responsabilité dans ce qui est arrivé et n'a pas voulu accabler encore l'inculpé. L'affaire a été mise en délibéré.