On a tous grandi avec un conte en mémoire, on a tous gardé en tête les récits fantastiques et merveilleux racontés par notre grand mère et qui nous fascinaient tant. Et si notre enfance devenait conte ? M.Salah Bitri Nourdine, ancien directeur d'école, journaliste et critique à ses heures, a eu pour initiative d'écrire son enfance à l'encre de ses souvenirs et d'y verser la nostalgie du temps passé. Ces contes là ne sont pas tout à fait ordinaires, si les contes sont généralement des récits à la « fictivité avouée » ceux là revendiquent la véracité de leurs faits, et d'autres sont des récits dans le récit à la manière des poupées russes qui s'emboitent les unes dans les autres : feu de camp, histoires merveilleuses et surnaturelles tout droit sortis du patrimoine culturel. Mais parlons, pour l'heure, des contes Le conte francophone, outre le fait qu'il peut être exploité comme un formidable outil pédagogique, permet d'aborder l'interculturalité dans la classe de français car l'intérêt qu'il suscite déborde le cadre du simple amusement passager. Notre culture passée y est fortement représentée. C'est le cas pour « Contes de Tébourba » qui rallient la culture de l'ancienne génération à celle présente et à qui s'offre le miroir de la société telle qu'elle était avant. Pour les plus jeunes c'est une main tendue vers les anciens, pour les plus grands c'est une écriture de la mémoire, des souvenirs enfouis qui ressortent à la surface, une célébration du passé que l'on remue avec beaucoup de tendresse et d'émotion. Ces contes drainent une fonction tout aussi ludique que linguistique et socioculturelle. Le rôle indéniable des contes dans l'initiation des jeunes à la culture de la communauté n'est plus à démontrer. On dit souvent qu'il suffit de peu de chose pour être heureux, les « Contes de Tébourba » en sont l'illustration, « Le petit trésor de Abdessattar » en est la représentation. Premier conte d'un ensemble de Cinq récits « L e petit trésor de Abdessattar » retrace un épisode de l'enfance de l'écrivain ainsi que d'une poignée de ses amis dans la contrée de Tébourba. En ces temps-là, la pauvreté ne parvenait pas à entacher la joie de vivre ou l'imagination fertile des petits enfants qui se lançaient dans une aventure rocambolesque, une chasse au trésor comme on l'a tous vécu un jour ou l'autre dans notre enfance. Le seul souci alors était de s'acheter « un vrai ballon[…] qui fait des rebonds et qui nous facilite les interceptions[…] » au lieu du petit ballon en chiffon duquel ils se contentaient. Des contes tout aussi attachants les uns que les autres, des épisodes d'une vie que l'on se remémore, débris de mémoire réinvoquée. Quelle façon plus distrayante et éducative à la fois que la transmission de notre culture, notre savoir et notre passé de par l'écriture, à la manière des conteurs d'autrefois. L'écrivain transforme ainsi la tradition orale en tradition écrite et l'immortalise. Ce sont ces petites histoires racontées dans le creux de l'oreille, volées aux traditions orales et grandies dans l'imaginaire, porteuses d'une grande charge autant émotionnelle que culturelle. Invitation à la culture et au savoir à laquelle on convie nos enfants.