• L'Assurance agricole, une réponse aux aléas climatiques - Le secteur agricole tunisien continue d'endurer les problèmes chroniques et d'autres structurels liés notamment à la sous-valorisation du produit tunisien, à la productivité, et aux blocages structurels, à l'inadéquation entre l'offre et la demande, à la rareté des ressources naturelles sans omettre la vétusté des appareils et techniques de production. Aujourd'hui, les agriculteurs et professionnels du secteur primaire font face à de nouveaux défis, d'où l'obligation d'adapter la politique agricole aux spécificités de la nouvelle donne. Entre flambée des cours internationaux, accroissement de la demande internationale, faible compétitivité de « l'out-put » tunisien, auxquels s'ajoutent le changement climatique et ses caprices, les agriculteurs et les consommateurs sont loin de jubiler. Pour adapter les orientations stratégiques à la nouvelle donne, une mise à jour de la politique agricole a été élaborée par des experts tunisiens et étrangers à l'initiative du ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche avec le soutien de l'Agence Française de Développement (AFD). Les résultats et les suggestions issus de l'étude actualisée et concertée ont été présentés hier à Tunis. Quatre nouveaux défis ont été introduits à l'étude prospective. Il s'agit des aléas attendus du changement climatique, de la hausse de la demande nationale et internationale pour des produits agricoles de qualité accrue, de la volatilité des prix et de l'augmentation très probable des cours de l'énergie. Neuf orientations stratégiques ont été retenues pour une politique agricole réadaptée. Sécurité alimentaire, promotion des exportations et gestion des ressources naturelles, sont les maîtres mots de la politique agricole concertée et actualisée. Sécurité alimentaire et changement climatique Au titre des orientations stratégiques l'étude souligne : l'amélioration de la compétitivité de l'offre nationale, la stabilisation de l'offre nationale de produits agricoles, l'adéquation entre la politique commerciale et la politique agricole, l'amélioration de l'accès à des instruments de crédits et d'assurance adaptés au secteur agricole, la coordination et l'harmonisation des interventions de l'Etat tout en favorisant l'accès à une alimentation suffisante de qualité. Ces orientations permettront selon les auteurs de l'étude d'atténuer les insuffisances et de résoudre les problématiques liées au secteur. Le changement climatique reste l'un des problèmes majeurs de la production actuelle mais aussi de la prochaine étape. La sécheresse continue de pénaliser la récolte et la rareté et la fragilité des ressources naturelles risque d'altérer davantage les prévisions agricoles. Selon la Banque Mondiale : « A l'horizon 2025, la Tunisie sera en « rareté absolue » vis-à-vis de l'eau. ». Et pour faire face au changement climatique, l'étude prône pour la promotion de l'assurance agricole et l'élargissement des mécanismes d'assurance associés à d'autres à d'autres risques comme le risque de prix de marché outre l'actualisation de la législation de l'assurance agricole. Et pour limiter les externalités négatives liées aux défectuosités du marché, l'étude suggère dans ce sens d'appliquer le principe « dégradeur-payeur », autrement dit de faire supporter le coût de la dégradation à celui qui la provoque. Il s'agirait d'une sorte de taxe environnementale au même titre des taxes appliquées dans certains pays européens comme la France. D'autres axes d'intervention stratégiques sont mis sur la table dont l'accroissement de l'offre nationale tout en améliorant la demande, la valorisation des exportations de manière à promouvoir la compétitivité du produit agricole tunisien sur les étals étrangers et la promotion de la productivité. Assurer la sécurité alimentaire figure également parmi les priorités nationales. Il s'agit d'assurer une alimentation saine, suffisante, durable et à moindres coûts. Et pour booster les exportations agricoles, la stratégie concertée et actualisée sous entend l'élimination des entraves paralysant l'internationalisation du produit tunisien dont l'irrégularité et la faiblesse de l'offre agricole, la manque de compétitivité, le manque de maîtrise de la qualité de la production ainsi que le faible niveau de diversification des marchés et des produits exportés. Yosr GUERFEL AKARI ---------------------- Amor Chouchane, Directeur Général des Etudes du Développement Agricole (MARHP) : « La prochaine étape serait une étape de concrétisation » « L'atelier de travail d'aujourd'hui est une consécration d'un travail de longue haleine engagé en partenariat avec l'Agence tunisienne de développement. Il s'agit de présenter un plan d'action concret et une politique agricole idoine à la réalisation de la sécurité alimentaire, à la promotion des exportations et à la rationalisation de l'utilisation des ressources naturelles. L'actualisation concertée de la politique agricole tunisienne a mobilisé la participation de 50 spécialistes relevant du ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche et 6experts (trois tunisiens et trois étrangers). Neuf orientations stratégiques ont été dégagées à l'issue des différents travaux élaborés par les experts. Et il ne reste qu'à concrétiser les axes stratégiques et les plans d'actions décortiqués ». YGA ---------------------- Youssef Kochbati, Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche : « Une synchronisation entre les différentes parties prenantes est indispensable » « Les différents axes et mesures présentés par l'étude sont en parfaite harmonie avec les objectifs du programme présidentiel (2010-2014) qui vise le développement d'un secteur agricole qui s'adapte aux changements climatiques et qui relève les défis de l'étape. Aujourd'hui, il est question de trouver un programme d'actions exécutif de manière à renforcer la rentabilité du secteur, à faciliter la commercialisation du produit tunisien et à promouvoir le pouvoir concurrentiel des entreprises tunisiennes tout en minimisant l'impact des changements climatiques sur la production agricole. L'assurance agricole serait à ce titre l'un des meilleurs alliés. Une synchronisation entre les différentes parties prenantes est indispensable. Dans ce sens, l'implication des professionnels du secteur est d'une importance majeure à condition de les doter de toutes les conditions et moyens nécessaires pour mener à bien leurs tâches».