Enseigner son enfant n'est, certes, pas synonyme de complaisance. Pourtant, certains refusent d'emblée d'adhérer à cette règle couramment suivie pour couper court à toutes les allégations que ne manqueraient pas de soulever plus d'un. Et au vu des problèmes complexes qui résultent inéluctablement surtout durant la période des examens, ils n'auraient pas eu tout à fait tort d'éviter pareilles situations embarrassantes et génératrices de moult divergences. Le problème ne date pas d'aujourd'hui ; enfants d'enseignants, nous avons toujours été orientés mes sœurs et moi vers d'autres classes du même niveau bien sûr, pour passer les examens proposés par d'autres enseignants et parmi d'autres élèves. Actuellement la question est soulevée avec acuité non seulement par les élèves ou leurs parents, mais par les enseignants eux même s'accusant mutuellement de tous les maux possibles et imaginables et ce pour des collègues travaillant, se côtoyant quotidiennement dans la même enceinte depuis plus d'une décade des fois ! Prenons un niveau quelconque, la classe terminale par exemple, mais c'est valable pour toutes les années, tous les instits d'une même discipline (maths, physique, anglais, français, etc.) se réunissent avant la semaine bloquée ou avant le Bac blanc pour discuter ensemble et proposer d'un accord unanime un sujet commun à toutes les classes terminales ; les programmes étant similaires et permettant pareille manœuvre. Faut-il préciser que par la suite chaque prof corrige personnellement les copies de ses élèves. A partir du deuxième trimestre, et suite à la première expérience vécue de la première semaine bloquée, un instit quitte le groupe clamant à cors et à cris que telle enseignante a passé le sujet à son fils qu'elle enseigne ; et que ce dernier moyennant finances s'est rempli les poches en le divulguant au restant des candidats. Ces récriminations sont bien évidemment propagées de bouche à oreille dans la salle des profs, dans les bureaux des secrétaires et même colportées dans les cafés de la bourgade. Démenti cinglant et réplique tenant la route et ne manquant point de logique de l'enseignante incriminée : « serait-ce de la sorte que je vais inculquer à mon enfant les règles fondamentales de la bonne conduite ? Si je l'habitue à tricher dès son jeune âge, pourquoi m'offusquerais je si d'aventure demain il piquait au jeu et commettrait un délit autrement plus grave ? Etant donné que c'est à moi que revient la correction de la copie de mon enfant, pourquoi prendre le risque de lui communiquer le sujet avec la possibilité qu'il en ébruite le contenu à un camarade intime ou à sa petite copine ; de plus ne me serait-il pas plus bénéfique de jauger et évaluer avec exactitude ses connaissances et situer ses lacunes pour pouvoir les combler de façon idoine en prévision de l'examen capital le Bac ! Autre point ; si je vais m'abaisser à manquer de respect envers moi-même en premier lieu et vis-à-vis de ma profession, qui m'empêcherait de lui coller une excellente note lors de la correction et ni vu ni connu ? Tollé général soulevé ces derniers jours dans un lycée du grand Tunis et toujours par des enseignants : le gamin inscrit en troisième année secondaire d'un instit d'une classe terminale a été vu... en flagrant délit à se balader dans une voiture conduite par un futur bachelier ! De là à extrapoler, à descendre le pauvre professeur en flammes en l'accusant d'avoir donné le sujet du Bac blanc à son fiston pour qu'il le remette à son copain conducteur du véhicule, donc il n'y avait qu'un pas allègrement franchi et bonjour les commérages, les commentaires, les dessensions. En matière de flagrant délit, la ficelle est un tantinet assez grosse pour être avalée n'en déplaise aux fauteurs de troubles n'ayant comme soucis que de semer la zizanie, la discorde parmi le corps enseignant. Atteindre à la renommée, à la probité d'un collègue par des propos diffamatoires fondés sur une randonnée en voiture nous parait inélégant, gauche voire vil ! Est -ce avec cet esprit de suspicion, de méfiance, d'obscènes réactions qu'on va permettre aux futurs bacheliers de préparer dans la quiétude, la sérénité leur examen terminal ? Qu'on nous permette de fort en douter !