De Eberhardt Unger - En cette fin d'année 2010, le TWEX (index du dollar évalué par son poids dans les échanges commerciaux) revient buter sur sa ligne de soutien historique autour des 70 points. Le dollar américain est toujours la monnaie de référence mondiale ; cependant, ces derniers temps, ce rôle fait de plus en plus débat. Dans les réserves monétaires mondiales estimées à 8 954 milliards de dollars US, environ 61% sont libellés en dollars américains (source : FMI/COFER). Cette proportion a diminué au cours des dernières années d'environ 10% en faveur de l'euro, du yen et de la livre sterling. La Chine, à elle seule, possède des réserves de change de 2 648 milliards de dollars, et pour toute l'Asie ce montant s'élève à environ 5 000 milliards. Au cours des 10 derniers mois, différentes banques centrales ont acheté de l'or comme réserves monétaires ou ont procédé à une augmentation de leur stock. Derrière une monnaie de référence, on doit trouver une économie construite sur des fondamentaux solides. Or l'économie américaine est dans une phase de stagnation, et c'est le pays le plus endetté au monde où les dettes augmentent plus vite que le PIB. Pour le total du passif (Total Liabilities) des Etats-Unis, la Fed a reporté le chiffre 114 428 milliards de dollars dans sa publication « Flow of Funds » pour 2009. En comparaison, la valeur nominale du PIB américain est de 14 575 milliards de dollars : les dettes ne pourront jamais être remboursées. Et la Fed continue à faire tourner la planche à billets (QE2). Avec ces billets fraîchement imprimés, elle achète des obligations et – pour résumer – paie la facture pour le pétrole brut importé. Ainsi, les Etats-Unis achètent quasi « gratuitement » du pétrole brut et avec ces « pétrodollars » l'OPEP achète des titres aux Etats-Unis. Dans les pays émergents, la crainte grandit que le QE2 pourrait accentuer ces afflux de capitaux. La pression de réévaluation sur leurs monnaies pourrait alors s'accentuer et détériorer leur compétitivité, dans le droit fil de ce qu'espère Washington. Plusieurs pays d'Asie et d'Amérique latine préparent la mise en place de mesures destinées à contrôler ou à réguler l'afflux des capitaux étrangers (QT2 = Quantitative Tightening 2). La Banque du Japon décidera cette semaine quelles sont les mesures à prendre pour contrer le phénomène. Le contrôle des flux de capitaux seraient une nouvelle étape vers plus de protectionnisme dans l'économie mondiale. Conclusion : compte tenu des risques de dévaluation, les investissements en dollars US sont déconseillés, à l'exception de l'or et l'argent, puisque le prix de ces métaux précieux augmente plus vite que la baisse du billet vert.