Nombreux étaient les cinéphiles qui ont assisté le soir du mercredi 24 novembre 2010 à la projection du film hollandais « La Tempête » à la salle Le Colisée de Tunis. Ce long-métrage, programmé en cette deuxième journée des JCE, est l'œuvre du réalisateur Ben Sombogaart, avec dans les rôles principaux, Sylvia Hoeks et Barry Atsma. Si le titre suggère de prime abord l'idée des films à désastres, comme on en voit dans le cinéma hollywoodien, relatant les différentes catastrophes qui s'abattent sur notre planète (chute de météorites, tremblements de terre, invasion d'extraterrestres…) et qui relèvent souvent de la science-fiction. Ce film hollandais est plutôt véridique : il a pour cadre les inondations du 31 janvier 1953 causées par de fortes pluies qui ont touché le village néerlandais provoquant 1830 disparus en une seule nuit, un événement qui est resté gravé dans la mémoire des Néerlandais jusqu'à présent à tel point qu'ils ont refusé que le tournage de ce film se passe dans leur pays, ce qui a obligé le réalisateur d'aller le tourner en Belgique ! C'est dans de telles circonstances dramatiques que s'est tissée la trame de l'histoire et qu'on peut la résumer en ces termes : « Julia », la fille d'un paysan de Zeeland (une province des Pays-Bas dont les habitants sont conservateurs), est tombée enceinte de son copain « Koos », fils d'un pêcheur. Son amant, tellement choqué, met alors la clé sous la porte pour éviter le scandale. Julia a dû rester seule dans un village hostile : elle a été rejetée aussi bien par sa famille que par les villageois dès les premiers mois de la grossesse et jusqu'à la naissance de son enfant que tout le monde refuse de reconnaître. Au-delà de cette catastrophe que le réalisateur a su décrire jusqu'au moindre détail, ce sont les thèmes soulevés par ce film qui importent le plus. L'action des personnages repose essentiellement sur des antagonismes que le réalisateur essaie de faire surgir chez ses personnages face aux différents problèmes rencontrés. Ainsi, si « Julia » est considérée par les siens comme étant la honte et le déshonneur de la famille en ayant un bébé hors mariage, elle trouvera chez d'autres le soutien moral nécessaire pour son acte pourtant irréparable. La catastrophe naturelle qui s'est abattue sur le village est également accueillie différemment par les villageois : si les uns attribuent un aspect punitif à cette tempête désastreuse croyant que c'est Dieu qui a voulu mettre à l'épreuve ses serviteurs et qu'on n'y peut rien faire contre sa volonté ; alors que d'autres préfèrent faire face à cette catastrophe grâce à la solidarité et à l'action de tous pour en sortir avec les moindres dégâts. Encore un autre exemple qui illustre cette divergence d'idées chez les protagonistes : « Julia » qui a perdu son bébé de quelques semaines lors des inondations a assumé son rôle de mère en le cherchant partout, bravant les eaux et les vagues menaçantes, guidée par son instinct maternel et avec une détermination inébranlable ; alors que les autres veulent la retenir vers l'arrière prétextant que son bébé est transporté par les eaux et que toutes ses tentatives sont vaines. Cette attitude dichotomique se manifeste aussi dans l'auberge où les survivants ont été accueillis : si certains ont témoigné d'une certaine solidarité et de dévouement envers les rescapés en leur fournissant des soins, des couvertures et des aliments, le propriétaire de l'hôtel, lui, veut tirer le maximum de profit de la situation en voulant vendre plus cher ses repas aux sinistrés. Le film, tout en relatant un événement historique qui s'est déroulé un jour dans un village aux Pays-Bas, soulève l'éternelle question : l'homme face à la nature. Un appel à la solidarité, à l'entraide et à l'union des hommes aux moments des catastrophes naturelles. Côté technique, c'est un film réussi à tous les points de vue. En effet, l'ambiance sonore est bien conçue : une musique admirable très bien adaptée au rythme de l'action menée par les protagonistes, une musique en accord avec le déferlement des eaux envahissantes qui détruisent tout sur leur passage : des prises de vue et des images formidables autant que terrifiantes de la nature déchaînée ! Les bruitages et les effets spéciaux sont bien investis dans ce film surtout dans les scènes relatives à la tempête. Bref, un film très bien tourné avec des décors naturels, des interprètes merveilleux et des thèmes à portée humaine. Le public l'a bien apprécié ! Et il avait raison !