La présentation du double album intitulé «Farha» de Kaddour Srarfi a eu lieu vendredi dernier au Centre Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd en présence d'Amina Srarfi qui a annoncé à cette occasion la prochaine parution de la biographie de son père. Le centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes que dirige actuellement Mounir Hentati, œuvre depuis sa création aux débuts des années 90, à mettre en valeur l'œuvre et l'apport des grandes figures de la musique tunisienne. Dans cette perspective, Il a organisé une série de concerts dont « Awdatou Ettarab», hommage d'Ennejma Ezzahra au maitre Ali Sriti, (1993), «Ya zahratan», hommage au cheikh Khemais Tarnane et «Essahriya», hommage à l'œuvre de Mohamed Saâda. Poursuivant dans le même esprit, le centre a chargé une pléiade d'interprètes de talent, (instrumentistes et chanteurs), de la nouvelle génération, de présenter, lors de la deuxième manifestation musicale annuelle, «Musiciens de Tunisie», (tenue au mois de mai 2008), un concert-hommage au maître Kaddour Srarfi, grande figure de la musique tunisienne contemporaine. Le programme de ce concert proposait une sélection de pièces instrumentales et vocales représentatives de l'œuvre de l'artiste et de ses orientations musicales en matière de composition. On cherchait par là un double objectif : offrir l'opportunité à ceux qui avaient connu la musique de Srarfi de redécouvrir des mélodies qui avaient fait leur bonheur et permettre aux nouvelles générations de connaître la diversité et l'originalité de son œuvre. L'édition du présent double album enregistré dans la foulée au palais Ennejma Ezzahra, contribuera non seulement à mieux faire connaître l'œuvre du grand musicien qui a marqué de son empreinte l'histoire de la musique contemporaine tunisienne, mais aussi, à enrichir le fonds des enregistrements de musique tunisienne disponible sur le marché. Selon Mounir Hentati, directeur d'Ennejma Ezzahra, le projet a été initié par Mourad Sakli, l'ancien directeur du Centre et appuyé par la famille Srarfi et particulièrement sa fille Amina qui a exprimé son bonheur de voir l'héritage musical de son père, interprété par les meilleurs jeunes talents dont dispose la Tunisie. Le titre de l'album est, rappelons le, emprunté à une pièce instrumentale intitulée «Farha», (réjouissance), composée par Srarfi en 1957, à l'occasion de l'instauration du régime républicain en Tunisie. C'est l'œuvre de l'Ensemble Ranim, dirigé par Mohamed Abdelkader Ibn Haj Kacem, avec la contribution d'Essahbi Ben Mustapha (oud); Naoufel El Menaa (ney); Mohamed Abdelkader Ibn Haj Kacem (percussion); Lamjad R'haiem (violon); Lotfi Erraies (contrebasse); Rihab Sghaier et Sofiène Zaidi (voix solo). Pour sa publication, on a privilégié la qualité (enregistrement, son, impression, couverture…), afin de se démarquer des autres produits disponibles sur le marché. C'est un choix, selon les concepteurs; ce qui justifie la distribution limitée de « Farha », (1000 exemplaires), dont le coût (15 dinars) ne couvre qu'une partie des dépenses (les principaux points de vente sont: le centre Ennejma Ezzahra et la Librairie Diwan à la Médina). Aussi, pour célébrer l'événement, le Centre Ennejma Ezzahra a monté une exposition documentaire sur la vie et l'œuvre de Kaddour Srarfi, artiste aux multiples talents; compositeur, musicien, fondateur et directeur de troupes musicales, homme de plume et conférencier, etc. Né dans une famille de musiciens, Srarfi reçut une double formation musicale, orientale et occidentale. Il rejoignit la Rachidia dès sa création en 1940. Et, en 1942, il créa sa propre troupe « Chabab El fen » (Jeunesse de l'art), qui comprenait à côté d'Ali Sriti, Ibrahim Salah et la chanteuse Fathia Khairi. Il dirigea par la suite, la troupe de Ali Riahi et collabora avec d'autres troupes de Hédi Jouini, Chafia Rochdi et Hassiba Rochdi; En 1949, Il fonda la troupe El Khadra. Il contribua également à la création de la première troupe de la radio tunisienne et dirigea la première troupe créée au sein de la radio au lendemain de l'indépendance. Il séjourna longuement en Algérie où il collabora avec l'orchestre de l'opéra d'Alger et en Libye pour enseigner la musique. Un parcours des plus riches à la mesure du talent de l'artiste.