Néji Zaïri est « Le dernier des amants ». Après lui, point d'amour. L'amour ne survivra pas à son anéantissement, à sa résignation, aux frémissements existentiels qui, soudain, lui font prendre conscience de son insoutenable légèreté mais aussi de son besoin de se rebiffer, de s'affirmer et, finalement, de continuer d'exister grâce à ses lettres d'amour qui se consumeront un jour et, avec elles, l'amour lui-même. Ces lettres qu'il écrit à tout bout de champ, n'ont pas de destination particulière, si ce n'est « le dernier des amants ». Voit-on pointer ici une prétention à la Victor Hugo : « S'il en reste dix j'en serai le dernier » ? On ne choisit pas d'être le premier ; le dernier, oui. Au bout de ce voyage, ponctué de lettres qui résonnent comme de petits éclairs indéchiffrables, dans un ciel devenu mystérieux, l'on verra Néji Zaïri qui s'accroche, résiste… quitte à « Sombrer » dans ce monde donquichottesque qui finit par rattraper toutes les illusions. Est-il au bout de ses chimères ? Croit-il avoir dérobé son secret à l'amour ? En a-t-il eu des échos ? Ou a-t-il prêché dans un univers où l'amour est devenu dérision, où l'amant ne parvient pas à retrouver la maîtresse suprême. La dernière des maîtresses. R.K. * Editions Karem Chérif, 2010, 135 p.