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Retour à Khayreddine Bacha !
Mémoire du temps présent
Publié dans Le Temps le 19 - 12 - 2010

Par Khaled GUEZMIR - Il n'est pas de plus grand plaisir pour un écrivain-journaliste que de recevoir des commentaires et autres critiques atteignant même un degré de polémique, de lecteurs avertis passionnés et libres !
Notre présente chronique est sur le point d'allumer sa première bougie et ses amis de plus en plus nombreux ne cessent de nous faire part de leurs encouragements mais aussi de leur évaluation critique sur bon nombre de sujets ! C'est l'occasion de les remercier du fond du cœur pour cet intérêt qui confirme leur attachement à notre journal « Le Temps » et ses principes directeurs à savoir la liberté de pensée et d'expression honnête et sans concessions.
A ce sujet je me rappelle encore mes rencontres avec un des maîtres que je vénère le plus feu Si Hédi Laâbidi, rédacteur en chef émérite de Dar Assabah, homme de lettres poète de grande sensibilité et un des fondateur du groupe célèbre des intellectuels des années 30-40 « Taht Essour ». Si Hédi nous disait : « A Dar Assabah nous avons deux sacralités : « Al Khabar » (l'information) « Wa Al Kadhia El Falestinia (la cause palestinienne) » ! – Rahima Allah Si El Hédi – Pour revenir à Khayreddine Bacha Attounsi, nous avons reçu un e-mail de notre lecteur M. Hamadi Khammar où il reproche au ministre réformateur, d'avoir fait lever des impôts faramineux (plusieurs millions de francs de l'époque) pour soutenir la « Sublime porte » dans sa guerre contre la Russie (guerre de Crimée) ».
Pour cela il obtint, toujours selon notre lecteur pertinent, « un retour d'ascenseur » du Sultan de l'Empire Ottoman qui le nomma Premier ministre en Turquie même.
Notre lecteur d'ajouter : « Raymond Aron doit se retourner dans sa tombe lui qui disait que l'Histoire est bien l'opium des intellos.. ! ». Notre lecteur finit sa lettre en rappelant que le collège Sadiki a été installé à ses débuts dans une caserne de janissaires et que l'actuel collège a été bâti par le protectorat français en 1901 tout comme le théâtre municipal rasé en 1907 puis reconstruit selon les plans de Resplandy ». Fin de citation ! Je vous ai bien dit que nos lecteurs sont intelligents !
Je veux tout d'abord dire à notre cher lecteur combien j'ai apprécié ses remarques pertinentes et bien vraies surtout pour la construction de l'actuel bâtiment du collège Sadiki grâce d'ailleurs à deux résidents généraux de France en Tunisie René Millet (1894) et Stephane Pichon (1900) qui étaient très libéraux à l'époque. J'irai plus loin dans le sens de l'avis mitigé sur Khayreddine l'Homme d'Etat et parfois même très controversé ! Certains historiens reprochent à Khayreddine d'avoir maté la révolte ou l'insurrection des tribus « Majers » conduites par Ali Ben Ghedhahem qui s'est déclaré « Roi des Arabes » (Bey Al Arab) en 1864.
Mieux encore, on reproche sévèrement à Khayreddine d'avoir vendu le domaine de l'Enfidha plus de 1000 hectares (aujourd'hui gouvernorat de Sousse), un don qu'il a reçu du Bey, à une société coloniale : « La Marseillaise », alors qu'il s'apprêtait à s'exiler à Constantinople (Istambul) !
L'Histoire a jugé et jugera ! Mais à notre avis tout homme politique est quelque part un « projet » humain et donc imparfait.
Mais on ne peut nier à Khayreddine son œuvre colossale à la « grande commission » pour essayer d'assainir les finances de l'Etat tunisien – la Régence de l'époque – et éviter l'intervention française en Tunisie en 1881.
De même il faut lui reconnaître d'avoir été l'initiateur de la Charte de « Ahd Al Amen » puis de la Constitution de 1861 (la première constitution arabe des temps modernes).
Cette constitution a été d'ailleurs suspendue par le Bey à la suite de l'insurrection de Ali Ben Ghedhahem pour revenir à la plénitude du pouvoir absolu après avoir concédé des réformes libérales importantes sous la pression de Khayreddine et ses fidèles.
Même au niveau journalistique, on doit à Khayreddine la création du « Raïd Attounsi » (l'actuel journal officiel) en 1860, avec pour rédacteur en chef le nationaliste : Cheikh Mohamed Senoussi. Quant à « Sadiki », si Khayreddine ne l'avait pas faite, il fallait la créer car elle a fait honneur à notre pays et a participé largement à sa gloire !


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