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Comment entraîner les jeunes footballeurs de 6 à 9 ans ? Colloque international organisé par le Comité National Olympique Tunisien en collaboration avec la FTF :
En présence de la grande famille du football tunisien, présidents de clubs ; dirigeants, éducateurs, entraîneurs, directeurs techniques des quatre centres de formation des jeunes des quatre grands clubs du pays et des autorités régionales, ce colloque international rehaussé par la présence du ministre de la Jeunesse, du Sport et de l'Education physique, M. Abdallah Kaâbi et du président du CNOT, M. Abdelhamid Slama, a été une vraie réussite eu égard à la richesse des sujets soulevés par les différents conférenciers et à la qualité des interventions portant sur l'approche scientifique en matière de formation et de détection des talents en herbe en football.
Allocution d'ouverture du ministre de la Jeunesse, du Sport et de l'Education physique, M. Abdallah Kaâbi
Après avoir souhaité la bienvenue à tous les participants à cet important colloque, le ministre a tenu, d'abord, à rendre hommage à l'EST, à l'ESS, au CA et au CSS, pionnières en matière de formation des jeunes footballeurs, les seules équipes de la ligue professionnelle « Une » qui avaient pris l'initiative de créer des centres destinés à réaliser cet objectif, malgré les difficultés financières encourues. Ensuite, il a tenu à louer l'apport moral et matériel du Président de la République qui a veillé en personne à ce que ces centres voient le jour. L'autorité de tutelle, les autorités locales et régionales ont contribué, a souligné le ministre, à réaliser ces projets sportifs grandioses. Le premier responsable du sport en Tunisie a, par la suite, émis le vœu que les autres équipes de la Ligue professionnelle,en un premier temps, empruntent le pas à ces quatre clubs et s'investissent dans cette optique futuriste. Avant de conclure, M. Kaâbi a appelé toutes les parties prenantes à opérer une évaluation globale de cette expérience afin de tirer les conclusions adéquates en vue d'une amélioration touchant à tous les niveaux. Pour le ministre, la réussite d'une telle entreprise passe obligatoirement par la prise de certaines mesures énergiques : - Promulguer une loi qui organise d'une manière plus claire et plus rigoureuse les activités au sein de ces centres de formation. Tous les paramètres seront pris en considération : encadrement, gestion, assurance etc... - Préciser le profil adéquat des formateurs-entraîneurs. - Définir les grandes lignes de cette formation en y intégrant toutes les composantes techniques, éducatives, médicales et nutritionnelles. - Réserver un pourcentage du budget annuel du club pour la gestion courante de ces centres conformément à l'article 7 de la loi 1995 qui impose d'allouer 20% à la formation des jeunes. - Contrôler périodiquement les activités de ces centres par l'intermédiaire de la direction technique nationale de la FTF. - Encourager matériellement les centres qui arrivent à se distinguer. - Appliquer le programme présidentiel, qui vise à détecter les talents dans les différentes disciplines sportives. A la fin de son allocution, le ministre a rappelé que l'expérience de ces centres de formation est très fructueuse dans la mesure où ils constituent un véritable vivier, un réservoir qui alimente les équipes professionnelles sur le plan sportif et sur le plan matériel.
Allocution du Dr. Abdelhamid Slama, président du CNOT
Dans sa brève intervention, le Dr. Abdelhamid Slama trouve que l'initiative prise par les quatre clubs s'inscrit dans une franche volonté de s'adapter au modèle européen hautement perfectionné. Les résultats acquis jusqu'à présent sont prometteurs malgré les difficultés rencontrées, structurelles et matérielles en grande partie. Le président du CNOT préconise une phase de réflexion et une concertation à tous les niveaux pour évaluer le travail accompli, pour aplanir les difficultés et pour repartir du bon pied. A son avis, cela passe par une étude plus rationnelle et plus réfléchie car un centre de formation des jeunes est un investissement humain et matériel rentable et fructueux à court et à long terme.
Bilan de la direction technique de la FTF dressé par M. Hassen Malouche
Le directeur technique de la FTF a, tout d'abord, présenté les étapes de formation du jeune footballeur telles qu'elles sont définies par la FIFA : • de 5 à 9 ans - Eveil au football • de 9 à 11 ans - Initiation au football • de 12 à 15 ans - La préformation • de 16 à 19 ans - La formation • Au-delà de 19 ans - La post-formation. La culture de la haute performance (en Tunisie, elle n'existe pas). Dans certains pays européens, on a même pensé à l'après activité du joueur, à sa retraite en instituant des centres de formation d'entraîneurs. D'après cette répartition internationale, il s'est avéré que le jeune footballeur tunisien accuse un retard de 6 ans au niveau de la formation dans la mesure où les structures d'accueil de la première tranche d'âge de 5 à 9 ans font défaut dans notre pays. Ainsi, le jeune tunisien commence à s'initier aux ABC du football à 11 ans. La DTN a pensé à combler cette défaillance en instituant 14 écoles fédérales de football réparties à travers la république qui drainent les enfants âgés de 6 à 9 ans. Ces écoles sont dirigées par des entraîneurs régionaux. Ces enfants se contentent actuellement d'une seule séance d'entraînement (généralement le samedi après-midi). Parallèlement à ce premier noyau, la DTN a mis en place 54 unité de promotion du football pour la tranche d'âge de 9 à 12 ans dont le travail n'est pas encore bien structuré et souffre de nombreuses insuffisances. Par ces structures, plus ou moins, embryonnaires, la DTN compte meubler les lacunes, rattraper le retard par rapport aux pays développés car en matière de formation, emprunter les raccourcis, sauter un maillon de la chaîne n'est jamais fructueux. C'est au niveau des 4 centres régionaux du Kef, de Gafsa, de Béja et de Gabès et du Centre national de Bordj Cédria, réservés à la tranche d'âge 14-16 ans, que le travail se fait d'une manière plus scientifique et plus élaborée sur la base d'un programme national bien étudié car 16 ans, c'est l'âge d'or de la formation. Les résultats ne se sont pas fait attendre puisque ces centres ont formé 15 joueurs recrutés par les clubs d'élite pour la somme de 45.000 dinars. Le Centre de Bordj Cédria, un modèle dans son genre dans la préformation, a permis l'éclosion d'une équipe d'élite (U-17), au bout de 3 ans de formation (depuis 2004), qui a joué les demi-finales de la dernière Coupe d'Afrique au Togo et s'est qualifiée pour la Coupe du Monde en Corée du Sud (en 2008). Ce résultat honorable a nécessité 300 jours de travail continu et un investissement de l'ordre de 350.000 dinars. Actuellement, ce centre d'élite, prépare un autre groupe (les natifs de 1992) pour les éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations de 2009 pour les (U-17). A Bordj Cédria, outre la formation footballistique, il y a une autre éducation, non moins importante : le patriotisme, l'esprit de solidarité. Ce sont des acquis inégalables, malgré quelques obstacles relatifs au financement du centre, à l'aménagement horaire de la scolarité des joueurs et surtout au problème affectif dû au sentiment de déracinement et d'éloignement.
L'expérience des centres de formation telle évaluée par les directeurs techniques des 4 grands clubs
Larbi Zouaoui (EST) : Ce centre, créé en 1996, 259 joueurs sont formés, 50% bénéficient de l'hébergement. Les autres sont soumis soit à la demi-pension soit à l'externat. Le club se charge également de leur suivi médical, scolaire et social. La réussite reste partielle car il y a des problèmes insolubles, comme celui de la disponibilité entravée par la scolarité. Certains joueurs, issus du centre : Issam Jemaâ et Ali Zitouni, jouent à l'étranger. Jabeur, Harbaoui jouent dans l'équipe fanion. L'avenir sera certainement meilleur. En parallèle, à ce centre, l'EST accueille environ 200 enfants de 7 à 10 ans sans licence. C'est plutôt une formation d'accoutumance et de qualité de base. Au-delà de cette tranche d'âge, les enfants sont accueillis dans une autre structure appelée centre de loisir qui permet de choisir les joueurs qui appartiennent à la catégorie école B (-12 ans).
Youssef Baâti (CSS) : La formation des jeunes a existé depuis 1960 avec le grand entraîneur yougoslave Krostic. Les Aleya Sassi, Delhoum, Graja, sont les purs produits de cette école embryonnaire à cette époque. Agrebi, Akid et Abdelmoula ont suivi par la suite. Le centre au vrai sens du terme a vu le jour en 1990. En 1998, il a été totalement restructuré en fonction de 4 axes de travail : philosophie et esprit de la formation, développement global du joueur, son identité et spécificité des séances d'entraînement. Le principe TAPI (technique athlétique, personnalité intelligence) est appliqué dans ce centre. 28 entraîneurs participent à la formation de 18 joueurs au maximum par tranche d'âge. Actuellement, au moins 8 joueurs de l'équipe seniors du CSS sont issus de ce centre de formation. Le résultat n'est pas idéal mais il est très perfectible.
Kamel Kalsi (CA) : Le CA accuse un retard certain par rapport aux autres clubs. Les chiffres sont clairs. L'équipe seniors actuelle compte 34 joueurs (19 sont recrutés et 15 sont formés au centre du club). La plupart sont de qualité moyenne à part Wissem Ben Yahia. Au CA, il faut changer de stratégie. L'infrastructure disponible ne répond pas aux besoins. 11 catégories évoluent sur des aires de jeu vétustes. Les vestiaires sont délabrés. La salle de musculation n'existe pas. Actuellement, le parc A est en grand chantier. Une fois les rénovations accomplies, le CA retrouvera son lustre d'antan. Avec 329 joueurs, 22 entraîneurs, 4 médecins, 3 kiné, 1 infirmier, le vivier clubiste sera fructueux.
Béchir Jabbès (ESS) : La clé de réussite est de concevoir le centre de formation en tant qu'usine de fabrication de footballeurs (Foot Manufactory), 5 postulats sont à retenir pour doter l'équipe d'une assise forte, car dans le football de performance, le football spectacle, il n'y a de place que pour les meilleurs. Un postulat philosophique qui tient compte de l'image du club. Cela implique détection, sélection et orientation de l'élite. Un postulat psychologique qui doit tenir compte de la psychologie du jeune joueur. Hébergé au centre de formation, éloigné de son environnement familial, il vit un second sevrage. Cela implique une amélioration de l'observation et de l'encadrement du jeune pousse. Un postulat physiologique qui doit prendre en considération, que la morphologie de l'enfant n'est pas totalement achevée. La coordination faisant défaut, il commet beaucoup de maladresses. Cela implique une meilleure compréhension, une meilleure attention. Un postulat didactique qui consiste à simplifier au maximum le code de communication. Tous ces postulats doivent être retenus pour une approche différenciée de la formation des jeunes.
Reportage de : Mounir GAIDA
FTF
Hassen Malouche renonce à la direction technique !
À Béni Yès (Emirats.A.U) pour deux ans
Sa décision a été enfin prise. Le directeur technique national de la FTF, Belhassen Malouche, renonce à son poste. Il ne briguera pas le renouvellement de sa charge, les sirènes du Golfe lui ayant fait un clin d'œil. Une fois sa mission achevée au sein de la direction technique, il quittera donc ses fonctions fédérales pour troquer celles de premier responsable technique au sein de l'équipe émiratie de Béni Yès qui entend profiter de ses connaissances scientifiques en matière de formation des jeunes footballeurs. Il sera notamment chargé de la direction du centre dont la tâche essentielle sera de fournir aux différentes catégories du club, de jeunes joueurs formés selon les méthodes les plus modernes et les plus pédagogiques préconisées par la FIFA. C'est au cours d'un voyage éclair effectué dernièrement aux Emirats Arabes Unis que Belhassen Malouche a signé un contrat de deux ans, après avoir présenté aux dirigeants de Béni Yès les grandes lignes de son programme d'action. Il est à noter que le DTN de la FTF, qui est en outre un instructeur international, avait déjà donné, dans un passé récent, entière satisfaction en Arabie Saoudite en tant qu'entraîneur. Une perte sèche pour le football national avec l'émigration d'un expert mondial en matière de formation de jeunes footballeurs. Dommage !
