L'Association des Amis des Oiseaux de Sfax vient d'organiser un atelier de formation à l'intention de trente personnes. Ce cycle de formation s'inscrit dans le cadre du Projet pour le suivi des zones importantes pour la (ZICO), en Afrique, et du Programme de Conservation des Oiseaux Migrateurs et des ZICOs en Tunisie. Comme l'a précisé Mme Claudia Feltrup Azafzaf, directrice des projets au sein l'Association des Amis des Oiseaux, (AAO), ledit atelier a pour objectif de « former des personnes représentant les acteurs-clés dans la gestion des aires protégées, des ZICOs, des zones humides et des oiseaux migrateurs, de façon à les doter des techniques à même de leur permettre d'intégrer le réseau d'experts qui réalisent le suivi de l'avifaune en Tunisie. » Dans un cadre plus large, la formation vise à « renforcer la capacité de la Tunisie en matière de surveillance et de gestion de la biodiversité » Les bénéficiaires Les personnes qui ont suivi la formation sont soit des brigadiers de chasse, soit des agents de l'APAL, chargés de la gestion des régions côtières et des îles, tous des hommes de terrain, mais sans formation spécifique en matière de recensement d'oiseaux, soit des étudiants et des membres de l'AAO. Il s'agit là d'un exemple concret de coopération et de complémentarité agissante entre les institutions gouvernementales et l'association. La contribution de cette dernière consiste en effet à doter les agents publics des techniques et des méthodologies de recensement adéquates et à fournir aux autorités compétentes les informations nécessaires à la mise en œuvre et au développement de mesures de conservation appropriées. L'atelier de formation de Sfax n'est en réalité qu'un échantillon des actions menées par l'Association des Amis des Oiseaux dans le but de conserver les oiseaux et la diversité biologique en Tunisie. Son action est d'autant plus importante que de nombreuses espèces d'oiseaux sont menacées d'extinction. Sur les 9990 espèces recensées à travers le monde, la « Liste rouge » de l'Union Mondiale pour la Nature « fait état de 1226 espèces d'oiseaux menacées d'extinction, c'est-à-dire environ 12,3% des espèces connues parmi lesquelles 190 sont en danger critique d'extinction. A ce chiffre, s'ajoutent 835 autres espèces classées « Quasi menacé », ce qui porte le nombre total d'espèces en besoin d'actions rapides de conservation à 2061. » Menaces En Tunisie, 8 espèces sont globalement menacées et 14 « quasi menacées». Parmi ces 22 espèces en danger, 50% sont des oiseaux d'eau, sachant que la majorité des populations menacées présentes en Tunisie sont des oiseaux migrateurs. En réalité, la situation est nettement plus grave que ne le laissent entendre les statistiques, tant il est vrai qu'il faudrait considérer la donne plutôt en termes de nombre et non pas en terme d'espèces. En effet de ce point de vue-là, la situation est vraiment dramatique. Il n'est pas besoin, à ce propos de disposer de statistiques pour savoir que nos campagnes se dépeuplent. Les populations d'oiseaux se raréfient. Nos « seniors » peuvent en témoigner, eux qui gardent encore le souvenir de contrées grouillant d'oiseaux de toutes les couleurs, de toutes les espèces, de tous les chants et de tous les ramages. Où sont les nuées de chardonnerets, où sont les compagnies de perdrix, où sont les myriades de grives, où sont les merles, où sont les tourterelles …? Il serait facile pour se donner bonne conscience de se contenter de pointer un doigt accusateur à la dégradation des habitats, à l'utilisation inadéquate des pesticides et aux effets des changements climatiques. La cause du déclin de l'espèce, il faut la chercher, surtout du côté des procédés et des moyens dévastateurs et illicites utilisés par les braconniers qui ont sévi et continuent encore de sévir, tant il est vrai que la difficulté réside dans l'application des lois toutes sévères et avant-gardistes qu'elles soient, faute de moyens de contrôle efficaces.